Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Aligné d’entrée lors du tristement célèbre match entre la France et l’Algérie en octobre 2001, Frank Leboeuf est revenu bien des années plus tard sur le fiasco de la soirée, marquée par une Marseillaise souillée et un terrain envahi. Et les plus grands fautifs, à ses yeux, ne sont pas forcément ceux que l’on croit de prime abord…
Les Bleus ont gagné 4-1, et pourtant, le score n’a jamais paru aussi anecdotique. Le 6 octobre 2001, la France et l’Algérie s’affrontaient au Stade de France dans une rencontre souhaitée par la classe politique, qui souhaitait y voir un symbole d’union en dépit du lourd passif entre les deux pays. Mais comme chacun sait, tout a très rapidement tourné au vinaigre.
Avant même le début du match, la bronca qui a noyé la Marseillaise a suscité l’ire de Jacques Chirac, qui a choisi de quitter les lieux. Un peu moins d’une heure et demie plus tard, l’arbitre a été contraint de stopper définitivement l’opposition entre les deux équipes après un envahissement de terrain généralisé de la part de jeunes aux couleurs de l’Algérie. Un moment dur à vivre pour Frank Leboeuf, titulaire ce soir-là.
Frank Leboeuf revient sur le naufrage de France-Algérie en 2001
Dans l’émission « Le Vestiaire » de SFR, l’ancien défenseur des Blues s’est souvenu du moment de dépit qu’il a partagé avec ses coéquipiers une fois le match interrompu :
Dans le tunnel, on s’est dit : « Voilà, ce qui devait arriver est arrivé ». C’est le bordel, c’est la honte sur notre pays. La sécurité n’était pas là, il n’y avait pas de grillage car il ne fallait pas énerver certaines personnes. Il y avait 2.000 policiers qui avaient été placés en dehors du stade pour ne pas énerver certaines personnes..
Furieux de la tenue du match malgré le désastre annoncé, et de l’organisation insuffisante, Leboeuf avait fait montre de son franc-parler habituel pour monter au créneau :
Je me souviens que j’avais vivement jugé la ministre des Sports de l’époque Marie-George Buffet en lui disant que nous, footballeurs, quand on était pas bon, on allait sur le banc de touche, et qu’il fallait qui lui arrive la même chose.
Sur le banc, Marie-George Buffet y est allée par la force des choses, puisque son mandat a pris fin en même temps que le septennat de Jacques Chirac en mai 2002. Elle n’a plus jamais été ministre ensuite.
Pas de quoi faire oublier ce triste soir à Leboeuf, lui qui en veut encore et toujours aux organisateurs d’un match qui, à son sens, n’aurait pas dû avoir lieu au regard du contexte :
Nous n’avons pas joué un match de foot. On a fait un match politique pour des gens qui avaient envie de se la raconter. Et moi, j’ai eu peur pour moi et pour mes potes.
S’il a été affligé par l’envahissement de terrain et la volonté de perturber de certains « supporters », Frank Leboeuf en veut surtout aux politiciens et aux instances qui ont mal géré la situation, et qui ont ainsi mis les joueurs en danger. Un jour noir dans l’histoire de l’équipe de France, dont les séquelles restent encore vivaces à ce jour.