Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Disparu il y a déjà plus de 7 ans, Johnny Hallyday a laissé un vide incommensurable dans le paysage de la chanson française, ainsi qu’une énorme mystique l’entourant. Mais si la plupart des anecdotes rendent grâce à cet artiste d’exception et à cet homme sachant se montrer profondément humain, Michel Fugain, lui, a une autre expérience avec le « Taulier »…
Grande star des années 1970 avec son Big Bazar, Michel Fugain a connu une période faste lors de laquelle il enchaînait succès sur succès. Mais au tournant des années 1980, et comme d’autres artistes de sa trempe, l’interprète de « Belle histoire » a vécu des difficultés majeures, voyant la réussite lui échapper et les soucis financiers poindre. Sur France 2, il a ainsi révélé :
Je n’avais rien ! Pas de plan… Je vivais dans un moulin, et ça coûte des sous. Je me dis que je vais me retrouver avec deux valises et mes enfants devant le portail. On va être obligés de lâcher la maison. Et il y a un mec, un Nicolas je sais plus comment, qui me dit : « Je peux te faire faire des soirées ». Et là, commence une période extraordinaire. Je fais tous les mariages juifs de Paris.
Tu en fais un et les gens dans le mariage me commandaient pour le leur », s’est souvenu Michel Fugain. Mais sa joie et son enthousiasme ne sont pas au goût de tout le monde. « Tu racontes ça à des chanteurs qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas et ils disent : « Il a fait ça ?! Merde, c’est pas prestigieux ». Non ! Je suis un saltimbanque. J’ai jamais été aussi riche de ma vie.
La remarque de Johnny Hallyday que Michel Fugain n’a pas digérée
Certes épanoui à cette période, Fugain n’en était pas moins sorti de l’oeil public. Un déclassement qui n’avait pas échappé à Johnny Hallyday, dont une remarque est revenue aux oreilles du principal intéressé. Et visiblement, ce dernier l’a encore mauvaise :
Il y a un moment où il faut redevenir sérieux. Quand tu n’as pas fait de disques pendant cinq ans, les mecs ne se précipitent pas pour te prendre. Johnny avait dit : « Fugain, il est mort ». Couillon ! Je serai mort quand j’aurai plus d’oreilles ni de mains.
Une mise au point claire et nette de la part de celui qui, effectivement, est toujours là quatre décennies après. Pour la petite histoire, et même si les deux hommes ont continué de se côtoyer ici et là par la suite, Fugain et Hallyday ont vu leur relation être émaillée de plusieurs différends ou anecdotes cocasses.
Par exemple, la chanson « Je n’aurai pas le temps » avait à l’origine été écrite pour le « Taulier », qui l’a déclinée en estimant le morceau trop lent et mou par rapport à son catalogue davantage tourné vers le rock’n’roll. Fugain a donc interprété ce qui est devenu un énorme tube en 1967, s’en servant pour accéder à la notoriété. Un coup du destin qui lui a été favorable.
Derrière les sourires et les duos sur les plateaux de télévision, le monde de la musique reste particulièrement compétitif. L’anecdote racontée par Michel Fugain en est un bel exemple, lui qui a toutefois la satisfaction d’avoir fait mentir la prédiction du regretté Johnny Hallyday, qui n’est plus là pour se défendre.