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Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Champion olympique à Pékin en 2008, Alain Bernard se montre souvent très tranché dans ses prises de position sur le sport en France. Il l’avait d’ailleurs prouvé peu avant les JO de Paris avec une comparaison peu flatteuse entre l’Hexagone et les États-Unis.
La France est-elle un pays de sport ? C’est la grande question qui se pose à tous depuis quelques mois. Théoriquement, les Jeux Olympiques de Paris laissent penser que c’est le cas puisque jamais encore les athlètes tricolores n’avaient été aussi prolifiques avec pas moins de 64 médailles dont 16 en or. Mais la réalité est un peu différente.
En effet, nombreux sont les sportifs bleu-blanc-rouge à clamer que les moyens mis en place pour eux sont insuffisants, notamment dans des domaines comme la natation ou encore l’athlétisme. Et parmi les porte-paroles de ces détracteurs, on retrouve de véritables poids lourds du paysage français avec Florent Manaudou ou encore Teddy Riner. D’autant que bon nombre d’athlètes préfèrent également s’exiler à l’étranger…
Ex-champion olympique, Alain Bernard critique le sport en France
Du côté de la natation, Léon Marchand est un exemple parlant puisque le néo-quadruple champion olympique s’entraîne aux États-Unis depuis des années. Logique selon Alain Bernard, médaillé d’or du 100m nage libre en 2008 et qui expliquait en février dernier à Ouest France que la différence entre la France et d’autres pays, notamment les US, était pour le moins flagrante en termes de niveau de compétition :
C’est vrai qu’on n’a pas cette culture sportive. Prenez la natation. Quand on se bat dans des relais face à des Américains, des Australiens, il faut savoir qu’en France, il y a 50.000 compétiteurs sur 300.000 licenciés. Aux États-Unis, il y en a 500.000 ! Quand nous, on a un Florent Manaudou, eux, ils en ont neuf autres derrière dans le réservoir ! Donc quand on gagne face à eux, on peut dire que c’est un exploit.
Pareil pour les Australiens. Là-bas, les billets de banque sont plastifiés pour que les gens aillent nager, surfer, avec des billets dans leurs shorts !
Le jour et la nuit donc entre l’Hexagone et la concurrence, d’autant que Bernard regrette également un manque flagrant d’encouragement à la natation dès le plus jeune âge :
Culturellement, ce n’est pas pareil. Tous les enfants qui y entrent en sixième sont presque capables de faire un 400m 4nages ! Nous, on a des territoires où un enfant sur deux qui entre en 6e ne sait pas nager… Mais les choses changement et Paris 2024 doit être un accélérateur pour qu’on devienne un pays plus sportif. Je pense qu’on tient le bon bout, mais il ne faut pas le lâcher. Tous ceux qui y croient doivent faire transpirer ça autour d’eux.
Alain Bernard le dit clairement : la France n’est pas un pays de sport, du moins pas en comparaison avec ce qu’il se fait à l’étranger. Et on imagine que les Jeux Olympiques de Paris, certes triomphants, n’auront pas fait changer d’avis l’ancien nageur.
