Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Marqué au fer rouge par l’aventure France 1998, comme l’ensemble de ses coéquipiers, Frank Leboeuf a connu des hauts et des bas durant le tournoi. Mais le défenseur garde un souvenir impérissable de l’expérience, au point, d’ailleurs, d’indiquer que le seul problème d’Aimé Jacquet… n’en était pas vraiment un.
Si l’aventure France 1998 ressemble à un conte de fées, les Bleus n’ont évidemment pas échappés à quelques accrochages au sein de l’effectif. Frank Leboeuf en sait quelque chose, lui qui s’est mis une partie de l’effectif à dos après ses commentaires malheureux suite à l’expulsion de Laurent Blanc en demi-finale face à la Croatie, lui garantissant une place de titulaire contre le Brésil :
Je suis évidemment désolé pour Laurent, mais le sujet est terminé. Ma joie prime sur sa peine. C’est comme ça : un coup tu es très déçu, et l’autre très heureux. Notre vie est faite d’instants qui se succèdent.
Une histoire réglée en privé et vite rentrée dans l’ordre… comme toutes les autres. Et là était l’une des grandes forces de l’équipe aux yeux de Leboeuf.
Frank Leboeuf évoque la spécificité de France 1998
Dans un entretien pour le Figaro, l’ancien défenseur de Chelsea a en effet tenu à souligner que l’effectif était composé de joueurs au sommet dans leur club respectif, mûrs et capables de tout régler « entre quatre yeux », selon l’expression consacrée.
Une situation plutôt plaisante pour Aimé Jacquet, qui n’avait souvent même pas à intervenir. Leboeuf explique ainsi :
En 1998-2000, on n’avait pas ce problème-là. Blanc, Zidane, Djorkaeff, Desailly, Thuram, «Liza», on était tous des monstres dans nos clubs respectifs. Le problème d’Aimé Jacquet, c’était de régler les ego et les personnalités mais comme on s’adorait, ça se faisait très bien dans le vestiaire.
Encore ému d’évoquer cette équipe évidemment spéciale à ses yeux, Leboeuf ne va toutefois pas pas jusqu’à adouber sa génération comme la plus belle de l’histoire de l’équipe de France. Comme lui, comme pour de très nombreux Bleus qui ont grandi avec 1982, 1984 et 1986 dans le sillage de l’impérial Michel Platini, c’est l’équipe de Michel Hidalgo, puis d’Henri Michel, qui tient la corde :
C’est délicat de comparer les générations. Pour moi, la plus belle équipe de France, c’est 1986 avec Michel Platini et toute la clique. On était très forts en 1998, mais je ne sais pas si Michel Hidalgo, Henri Michel, Aimé Jacquet ou Roger Lemerre ont eu autant de choix de grands joueurs que Didier Deschamps en ce moment.
Si Aimé Jacquet a certes pu compter sur un groupe mature, adulte, et capable de se prendre en charge, il convient de ne pas lui enlever son immense mérite : celui de réussir à faire croire à une équipe de France qui n’avait alors jamais gagné que oui, elle serait championne du monde. De quoi graver son nom dans l’histoire pour l’éternité.