Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Cadre de l’équipe de France durant les années 1990, Marcel Desailly était aussi influent sur le terrain qu’il pouvait l’être au sein du groupe. Certains jeunes joueurs arrivés en bleu s’en souviennent encore, dont un en particulier, et non des moindres, qui a été victime d’un traitement de (dé)faveur de la part du « Roc »…
Grand ami de Didier Deschamps, Marcel Desailly n’en a pour autant pas calqué le style de leadership de « La Dèche ». Beaucoup moins vocal, mais peut-être encore plus craint, le natif d’Accra au Ghana pouvait faire passer certains messages par son silence. Et ce n’est pas Robert Pirès qui vous dira le contraire.
Marcel Desailly pas tendre du tout avec Robert Pirès
En 1998, déjà, Desailly n’avait en effet quasiment pas adressé la parole au jeune joueur durant le Mondial en France. Ce dernier s’est souvenu :
Marcel était très dur, très strict avec les jeunes. Il ne me parlait pas en équipe de France, il avait imposé une hiérarchie. C’était le seul pratiquement à qui je ne parlais pas. Alors, au fond de moi, j’étais très fier quand je l’ai dribblé avant de marquer lors d’un OM vs Chelsea en 1999.
Rebelote deux ans après le sacre mondial, lors de l’Euro 2000. Quelques minutes avant sa fameuse chevauchée pour offrir le but en or et le titre à David Trézéguet et à la France, Pirès a dû composer avec un coup de pression du défenseur central :
Sur un plan personnel, cette passe a changé pas mal de choses. Ce qu’elle a changé ? Le regard des gens sur moi, les journalistes, les supporters, certains joueurs. Et notamment Marcel Desailly (rires). Pourquoi ? A la fin du temps réglementaire, juste avant le début de la prolongation, il était venu me voir, le regard noir et fatigué après 90 minutes d’efforts.
Il m’avait lancé : « Maintenant, on va voir de quoi tu es capable », sec, et il est reparti. S’il plaisantait ? Marcel ? Non, ce n’est pas le genre de la maison (rires). Il m’a dit cela et il est reparti direct. Je n’ai même pas eu le temps d’en placer une ! Je me suis un peu demandé ce qu’il me voulait sur le coup (rires). Bref, quand je disais que cette passe décisive a changé le regard de certains joueurs, c’est surtout par rapport à Marcel Desailly.
Un peu plus tard, Pirès était à nouveau revenu sur l’épisode au micro de RMC, révélant n’avoir que peu apprécié la remarque :
Il me dit ça, puis s’en va. Je le regarde, mais je ne lui ai même répondu. Je me demande ce qu’il veut ! Ça a été un coup de pression. C’était une pique, à la Marcel Desailly. J’étais encore jeune à l’époque. Il m’a vexé. Je trouvais que ce n’était pas le moment pour me dire ça.
Honnêtement, sur le centre, j’ai la chance que le ballon passe entre les jambes de Nesta… Si je suis allé voir Desailly ensuite ? Non pas du tout (sourire). À aucun moment je ne vais le voir et, d’ailleurs, on n’en a pas reparlé.
Issu d’une époque où il arrivait d’éduquer et d’accueillir les plus jeunes joueurs « à la dure », Marcel Desailly n’a pas fait de cadeaux à Robert Pirès. L’ex-Gunner a apporté la meilleure des réponses sur le terrain, en étant décisif et en gagnant, on l’imagine, le respect de son aîné. Une histoire qui a bien fini, donc !