Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Légende vivante de San Antonio, Tony Parker a arpenté les parquets NBA pendant près de deux décennies. Ce qui n’avait pourtant rien d’une évidence à son arrivée aux États-Unis, comme l’ancien meneur français l’avait raconté dans une drôle d’anecdote…
Cinq ans et demi après sa retraite, Tony Parker peut être toujours aussi fier du travail qu’il a accompli. L’ancien meneur des Spurs a réalisé une splendide carrière en NBA, devenant quadruple champion ainsi que MVP des Finales tout en participant à l’une des plus belles dynasties de l’histoire. Sans compter qu’il a su inspirer une foule d’autres joueurs de petite taille, dont Chris Paul et Kyrie Irving pour ne citer qu’eux.
Un bel exploit pour le dragster, lui qui a ainsi fermé le clapet à de nombreux détracteurs en France qui pensaient qu’il ne pourrait jamais faire carrière sur le sol américain, comme il l’avait raconté sur le podcast Winning Minds il y a quelques semaines :
Plus il y avait de pression, plus je trouvais que je jouais bien. J’aimais la pression, je m’en réjouissais. Depuis que j’ai 14 ans, je me suis mis en tête d’essayer de devenir le premier meneur de jeu européen à atteindre la NBA.
Les clichés dingues sur les joueurs FIBA aux US dans les années 2000
Pour rappel, TP a débarqué en NBA en 2001, alors que les joueurs internationaux étaient loin d’être aussi dominants qu’aujourd’hui. En particulier au poste de meneur… Mais surtout, le Tricolore avait découvert que le public américain était abreuvé de préjugés aussi peu hygiéniques que venus d’ailleurs, vis-à-vis des basketteurs européens :
À l’époque, les gens pensaient que j’étais fou. Il n’y avait pas beaucoup d’Européens dans la NBA, il n’y avait pas de meneurs de jeu européens. Les Américains étaient très fiers du basket, très arrogants. Ils pensent qu’ils sont les meilleurs et ils sont les meilleurs, mais ils n’avaient aucun respect pour le basket européen à l’époque. Ils pensaient qu’on puait, qu’on ne prenait pas de douche et qu’on n’était pas vraiment bons au basket.
Aujourd’hui, difficile de dire que le statu quo a été maintenu alors que Nikola Jokic, Victor Wembanyama ou encore Giannis Antetokounmpo terrorisent la concurrence. Cela étant dit, les US n’ont jamais abandonné cette idée selon laquelle ils seraient éternellement les rois de la balle orange. Pas facile donc de s’habituer à un tel environnement, surtout en tant que jeune joueur comme Parker le confiait à USA Today :
Les trois ou quatre premières années, c’était vraiment difficile de venir de France, d’un pays différent, et (Popovich) voulait que je grandisse vite. Parfois, j’ai eu du mal parce que j’avais l’impression qu’il n’était jamais content, que c’était un entraîneur difficile à satisfaire. Mais quand j’y repense, il m’a rendu très fort mentalement, et maintenant j’apprécie vraiment tous ces moments et la douleur de la croissance.
Tony Parker ne devait pas seulement prouver que les joueurs européens pouvaient briller en NBA, il devait aussi faire tomber certains clichés sur l’hygiène de ces derniers. Autant dire que les basketteurs FIBA n’ont plus la même réputation aux États-Unis…