Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Très attaché à la pérennité du groupe France 1998, Robert Pirès ne se prive pour autant pas de dire ce qu’il pense lorsqu’il l’estime nécessaire. Ce fut notamment le cas en 2011, alors que la polémique battait son plein autour de Laurent Blanc, et que la sacro-sainte unité se fissurait…
C’est le scandale qui a le plus émaillé la carrière de Laurent Blanc. En 2011, Mediapart révélait les propos de celui qui était alors sélectionneur de l’équipe de France, et qui souhaitait instaurer des quotas. Il disait alors lors d’une réunion au siège de la FFF :
En France, on a l’impression qu’on forme le même prototype de joueurs : grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les Blacks. C’est comme ça.
Les bi-nationaux (qui choisissent ensuite leur autre pays, ndlr) ? Moi, ça me dérange beaucoup. À mon avis, il faut essayer de l’éradiquer. Et ça n’a aucune connotation raciste. Quand les gens portent les maillots des équipes nationales de jeunes et, qu’après, ils vont jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Je ne dis pas qu’on va l’éradiquer, mais le limiter.
L’avis de Robert Pirès sur la polémique Laurent Blanc
L’affaire a fait grand bruit, et les joueurs de l’illustre équipe de France de 1998 ont rapidement été sollicités par les médias pour livrer leur avis sur le sujet. Deux camps distincts se sont opposés : ceux qui ont défendu le « Président », par amitié, et ceux qui l’ont sèchement critiqué, comme Lilian Thuram. Robert Pirès, lui, a préféré laisser passer l’orage, et s’en est expliqué 2 mois plus tard pour RFI :
On ne m’a pas entendu parce que j’essayais de joindre Laurent Blanc pour connaitre son point de vue, prendre la température vis-à-vis de lui et pouvoir m’exprimer ensuite. Malheureusement je n’ai pas réussi à le joindre. Parler dans le vent ne sert à rien, moi je voulais attendre de savoir vraiment ce qu’il s’était passé.
D’après l’ancien joueur d’Arsenal, la surenchère médiatique occasionnée par les prises de parole de nombreux ex-joueurs français était évitable, et il ne s’est pas gêné pour le dire :
Les joueurs de 98 n’ont pas eu une très bonne réaction. Je pense qu’il fallait attendre et se parler avant de dire quoi que ce soit. Aujourd’hui, je peux dire que ce mot là ne doit pas être prononcé dans le football et dans le sport en général. Je pense aussi que Laurent Blanc a été maladroit dans ses propos et qu’après tout s’est enchainé. Je l’ai vu la semaine dernière et il a beaucoup souffert de cette histoire.
Rappelons qu’après un Euro 2012 en demi-teinte et une élimination en quart de finale, Laurent Blanc a démissionné, pour ne plus jamais entraîner de sélection jusqu’à ce jour.
Comme Emmanuel Petit, Bixente Lizarazu et tant d’autres, Robert Pirès estime qu’il faut prendre un soin particulier à préserver France 1998, et ce que ce triomphe a représenté. De fait, l’ancien joueur de Villarreal n’a que peu goûté aux déchirements publics qui ont succédé à la révélation par Médiapart des enregistrements de Laurent Blanc. Fort heureusement, l’eau a coulé sous les ponts depuis.