Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Star du XV de la Rose durant de longues années, Jonny Wilkinson s’est notamment placé comme le bourreau de l’équipe de France en 2003. Deux décennies plus tard, il s’est attardé sur le cas particulier d’Antoine Dupont, qui ne le laisse pas insensible.
Les fans de l’ovalie tricolores s’en souviennent encore. Opposé à l’Angleterre pour une place en finale de Coupe du monde, le 16 novembre 2003, le XV de France a alors buté sur un extraterrestre nommé Jonny Wilkinson. Auteur des 24 points inscrits par son équipe sur ce match, l’élégant demi d’ouverture a par la suite offert le titre à sa sélection grâce à un drop mémorable. Un destin qu’espère un jour vivre Antoine Dupont.
Jonny Wilkinson rend son verdict sur Antoine Dupont
Vingt ans après cette page historique du rugby anglais, Wilkinson demeure attentif à l’actualité de son sport, où la France reste l’un des principaux éventails à l’échelle mondiale. Ce, notamment grâce au génie de son capitaine, Antoine Dupont, considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de la planète. Un statut qu’il n’a pas usurpé selon l’ancien buteur britannique, qui vantait ses mérites à L’Équipe en 2023 :
Jonny Wilkinson : Dupont est presque imbattable dans l’état d’esprit. Même s’il fait quelque chose qui ne marche pas, il le refait sans douter. Cette énergie conduit l’équipe. J’ai l’impression qu’il y a une voix en lui qui dit, « Ça va venir, c’est bon ! » C’est hyper important pour un joueur à ce poste d’avoir ce niveau de confiance. Et il faut qu’il garde ça : que ce qui se passe autour de lui, ça ne l’atteigne pas à l’intérieur.
Force tranquille des Bleus, Dupont transmet sa sérénité à ses partenaires, ce qui s’avère être une immense qualité pour un demi de mêlée aux yeux de « Wilko ». Pas étonnant, dès lors, qu’il soit inamovible dans la charnière de Fabien Galthié, au même titre que Romain Ntamack. D’ailleurs, d’après l’ancien buteur du XV de la Rose, cette complicité entre les deux Toulousains représente également un vrai avantage :
Jonny Wilkinson : Ils sont capables de tout faire, il n’y a pas de limite. Ils sont aussi responsables de l’énergie d’un match, de la confiance de l’équipe. Et il y a quelque chose de plus important encore : les deux se connaissent très bien. À Toulon, à la fin de ma carrière, le rapport que j’avais avec Matt Giteau a été très important parce que pendant un match, ça devenait possible de jouer un petit match entre nous.
Le but, bien sûr, c’était toujours de gagner. Mais avec un bon ami dans ces postes très proches, on se retrouve à jouer comme dans un jeu d’enfants : avec de l’excitation, un challenge l’un pour l’autre. C’est le secret. Il y a une sorte de goût d’enfance dans cette équipe, le fait de jouer pour jouer, avec un bon ami. Même s’il reste la pression de la décision à prendre, il y a la permission d’aller jouer, et de jouer avec joie !
À l’instar de toutes les figures du rugby mondial, Jonny Wilkinson ne mâche pas ses mots au sujet d’Antoine Dupont. Admiratif devant la confiance qu’il dégage, l’Anglais fait de son association avec Romain Ntamack l’une des principales forces du XV de France.