Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Joueur d’exception, Thierry Henry n’a toutefois pas été épargné par certaines polémiques durant sa carrière. L’une de ses habitudes en particulier a suscité l’irritation d’un coéquipier à la fois en équipe de France et en club. Même si, fort heureusement, les quelques tensions sur le sujet semblent s’être dissipées depuis…
Réputé pour son franc-parler, Emmanuel Petit a pour habitude de dire les choses comme il les pense. C’est ce qu’il avait fait quelques temps après la qualification controversée de l’équipe de France au Mondial 2010, sur une main de Thierry Henry qui lui avait valu plusieurs critiques. De quoi faire dégoupiller l’homme à la crinière blonde :
Les Français n’aiment pas Thierry Henry. En Angleterre, il a une statue. Cela veut dire beaucoup de choses. Il est adulé là-bas, ça vous dérange ? Alors, regardez ailleurs ! Cela me fatigue. Que peut-on reprocher à Thierry Henry ? Sa main ? Il a aidé à la qualification ! L’Afrique du Sud ? Il n’a rien fait. La France est hypocrite et lâche.
Les Anglais le considèrent à sa juste valeur. Il a toujours été une personne honnête. En France… J’ai beaucoup de mal avec les Français, je n’ai jamais vu un peuple aussi arrogant, suffisant, menteur et hypocrite.
Le recadrage d’Emmanuel Petit envers Thierry Henry
Il n’en demeure pas moins qu’en dépit de la grande estime qu’il lui porte, Petit n’a pas toujours vu les choses de la même manière que « Titi ». Un sujet, notamment, l’a beaucoup titillé lors de leurs années communes à Arsenal : lorsqu’il marquait un but, Henry tendait à ne pas vraiment célébrer, ce qui a été perçu par son homologue tricolore comme de l’arrogance. Il racontait ainsi à RMC :
J’ai eu cette conversation avec Titi devant Arsène Wenger quand on jouait à Arsenal. On faisait un truc de sponsoring, on était cinq. Il y avait Dennis Bergkamp et Patrick Vieira… On avait joué quelques jours auparavant. Titi avait scoré un doublé, je crois, à Highbury. Je n’avais pas du tout aimé sa célébration. Il était allé au poteau de corner, avec une attitude extrêmement arrogante. Je lui avais dit que moi et certains joueurs n’aimions pas comment il célébrait.
Il ne l’a pas bien pris, à juste titre. C’était too much à mon goût. J’avais interpellé Arsène pour lui dire que ce n’était pas à moi de le dire, mais à lui.
De son côté, Henry a toujours été agacé par les critiques sur sa nonchalance après avoir marqué un but. Il y a quelques années, il avait expliqué à Olivier Dacourt pourquoi son cerveau était programmé ainsi :
Je l’ai expliqué dix mille fois… Je n’étais pas content, parce que j’ai été éduqué par mon père à ce niveau-là. Viry-Châtillon vs. Sucy-en-Brie. Coup d’envoi : 14 heures. On gagne 6-0, et je mets les six buts. De Viry-Châtillon à Orsay où j’habitais, mon père m’a sorti toutes les erreurs que j’avais faites dans le match. A l’époque, j’avais 12-13 ans et ça m’a conditionné pour la suite.
Parfois, quand je marquais un but, je repensais à aux occasions ratées avant pendant que je courais. Et je me disais : « Comment j’ai raté celui d’avant, alors que je marque celui-là ?! »
À la recherche de l’inaccessible perfection, comme Kobe Bryant pouvait l’être en son temps, lui qui avait confié avoir rêvé d’un match parfait sans aucun tir raté, Thierry Henry ne se satisfaisait pas de marquer. Une attitude qui a déplu à Emmanuel Petit, conduisant à une explication musclée entre les deux hommes.