Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Léon Marchand est aujourd’hui l’un des plus célèbres visages du sport français, mais tout n’a pas été facile pour le jeune nageur. Son préparateur mental s’était d’ailleurs montré honnête sur l’état psychologique du Toulousain, il y a quelques années.
Et si Léon Marchand n’avait pas connu cet incroyable succès aux Jeux Olympiques de Paris ? Quadruple médaillé d’or cet été dans la capitale, le Français est depuis devenu la coqueluche du public et des médias dans l’Hexagone. Et pourtant, on a bien failli ne jamais voir le nouveau roi de la natation cartonner de façon aussi spectaculaire.
Le gros craquage psychologique de Léon Marchand en 2020
Pour comprendre ça, il faut revenir en 2020 soit quelques mois avant les JO de Tokyo. À cette époque, Marchand se prépare à disputer ses premiers Jeux… mais sa santé mentale est au plus bas, le poussant à se rapprocher du préparateur mental Thomas Sammut. Proche de Florent Manaudou, ce dernier était revenu sur le début de sa relation avec la jeune superstar lors d’une interview. Le récit était alors aussi triste qu’inquiétant :
Il m’a contacté, il était dans l’impasse, à deux doigts d’arrêter. Il a pu se mettre une pression de résultats. A un moment, c’est ultra-fatigant nerveusement. La performance doit tourner autour de l’individu, en fonction de sa personnalité.
À force de travail, le Tricolore a su sortir de cette spirale négative en équilibrant bien plus son quotidien sportif et sa vie privée, comme il l’expliquait il y a quelques mois :
Michael (Phelps), lorsqu’il nageait avec Bob (Bowman), il ne faisait que ça. Un peu comme ce qu’on a fait lors d’un stage: manger, dormir, récupérer, tout le temps. J’ai désormais un bon équilibre entre mes potes que je voyais tous les jours, mes cours et l’entraînement.
Un aspect indispensable de la vie d’un athlète selon Sammut, qui en profite pour pousser un gros coup de gueule sur le sujet afin de sensibiliser le public :
Il faut arrêter avec le modèle du sportif qui doit aller au lit à 21 heures, dormir 9 heures et ne jamais boire d’alcool. On peut être sérieux et mettre des « process » en place selon les besoins du moment. Il faut arrêter de croire que les athlètes de haut niveau sont des machines. C’est le rêve des entraîneurs d’avoir des sportifs avec la même motivation à chaque entraînement, mais c’est complètement utopique.
Aujourd’hui encore, il y a des techniciens qui sont rassurés car leur nageur a fait le même kilométrage que les autres. Ils ont la crainte de l’échec, d’être les vilains petits canards.
Un état d’esprit que le Toulousain évite donc autant que possible à présent, et ses récents résultats prouvent que cela lui fait d’ailleurs le plus grand bien dans les bassins.
Léon Marchand a failli tout plaquer peu avant les Jeux Olympiques de Tokyo, se mettant trop de pression sur les épaules. Heureusement, il va beaucoup mieux aujourd’hui et cela se traduit dans ses résultats sportifs. Un esprit sain dans un corps sain.