Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Maillon indispensable des sacres de 1998 et 2000, Laurent Blanc est toujours heureux de reparler de ses souvenirs de la belle époque. En revanche, la fameuse étiquette « black-blanc-beur » qui a si souvent été utilisée pour parler de la Coupe du Monde tend à l’irriter, et il en a expliqué la raison. Avec sa franchise habituelle.
La France black-blanc-beur. C’est ainsi que l’équipe championne du monde 1998 a souvent été présentée, en référence au mélange de cultures et d’origines de cet effectif passé à la postérité. Zidane le maghrébin en héros national, Thuram le Guadeloupéen sauveur de la demi-finale, et tant d’autres… Mais très vite, ce slogan a pâti d’être clamé sur tous les toits, et même récupéré.
Repris en choeur par les politiciens de tout bord, le « black-blanc-beur » est bientôt devenu un mythe, comme si sa seule évocation supplantait directement tous les débats et tous les problèmes qui se dessinaient au sein de la société. Les joueurs, eux, ne se sont jamais vraiment laissés happer par cette étiquette, qu’ils ne renient certes pas. Mais pour Laurent Blanc, pas de quoi en faire tout un foin.
Laurent Blanc remet les choses au clair sur le « black-blanc-beur »
Dans un entretien accordé au « Monde », et comme la plupart de ses coéquipiers qui se sont exprimés sur le sujet, le « Président » avait balayé d’un revers de main ce fameux mythe :
À l’époque, on pensait (les gens, ndlr) que le football allait régler tous les problèmes de la société. Excusez-moi, mais si c’était le cas, ça serait trop facile. Le sport et le football ont un pouvoir, mais il est très limité.
D’après Blanc, le sport peut certes servir de vecteur de rassemblement durant une période limitée, mais les problèmes inhérents d’une société finissent toujours, fort logiquement, par reprendre le dessus. Rappelons par ailleurs que l’ancien Marseillais avait été plongé dans la polémique quelques années plus tard, lorsqu’il était sélectionneur des Bleus.
Lors d’une réunion au sein des locaux de la FFF, Blanc avait évoqué la bascule d’une équipe de France mixte, comme en 1998, à la prédominance de joueurs noirs. Et ses propos retranscrits par Mediapart avait fait couler beaucoup d’encre, le poussant à s’excuser. Il avait en effet déclaré :
En France, on a l’impression qu’on forme le même prototype de joueurs : grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les Blacks. C’est comme ça.
Les bi-nationaux (qui choisissent ensuite leur autre pays, ndlr) ? Moi, ça me dérange beaucoup. À mon avis, il faut essayer de l’éradiquer. Et ça n’a aucune connotation raciste. Quand les gens portent les maillots des équipes nationales de jeunes et, qu’après, ils vont jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Je dis pas qu’on va l’éradiquer, mais le limiter.
Devenu un symbole parfois galvaudé de récupération politique, l’étiquette « black-blanc-beur » n’a pas forcément beaucoup de valeur aux yeux des joueurs français, pour des raisons diverses et variées. En l’occurrence, Laurent Blanc a tenu à rappeler une évidence : le sport est un loisir, et n’a pas pour mission d’unifier la société au-delà des événements sportifs, encore moins quand de réels problèmes prégnants existent. Voilà qui est dit.