Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Passé 6 ans à la tête de l’équipe de France, Raymond Domenech a tout connu : la fièvre des sommets en 2006, et le fond de la cuve en 2010. Désormais reconverti en consultant au verbe aiguisé, l’ancien Lyonnais n’hésite pas à dire ce qu’il pense. Et c’est Didier Deschamps qui en a notamment fait les frais, avec une certaine virulence.
Il le sait : Raymond Domenech a toujours été clivant, voire même impopulaire, et ça ne le dérange en rien. De son passage aux manettes de l’équipe de France entre 2004 et 2010, on retient ainsi plusieurs conférences de presses lunaires, et un certain goût pour la mauvaise foi démontré à maintes reprises.
Raymond Domenech se paye le style de jeu de Didier Deschamps
Interrogé par Pure Medias il y a quelques temps, celui qui était surnommé « le boucher » durant ses années de joueur n’avait par exemple pas été tendre envers Didier Deschamps lorsqu’il a été questionné sur son pire souvenir de Coupe du Monde :
Devant une télé ? Je vais être méchant. Je vais vous dire que je me suis ennuyé en 2018. J’essaye de sortir un match… Il y a peut-être eu France-Argentine parce qu’il y a eu deux actions dans le match ? Mais est-ce que quelqu’un peut spontanément me dire un match de la Coupe du monde en 2018 qu’on retient ? Un match où on a tout ? Aucun.
Pour moi, une bonne Coupe du monde, ce sont des matchs qu’on retient. Ce sont des matchs qui sortent de l’ordinaire, où il y a eu de l’émotion. Quelque chose ! Celle de 2018, à part qu’on la gagne, je n’ai pas de souvenirs où j’ai vibré. Pourtant, j’étais aux commentaires sur la chaîne L’Equipe. J’ai rien. J’ai tout effacé. Je n’ai pas eu d’émotions. Le vide intersidéral.
D’aucuns jugeront ce constat particulièrement sévère et lapidaire, surtout au regard de la deuxième étoilée gravée par Antoine Griezmann et consorts sur le maillot tricolore. De la même manière, Domenech n’est pas franchement connu pour avoir été un artisan du grand jeu, et cela même en 2006, où c’est surtout la solidité défensive qui avait primé, en plus des éclairs de génie de Zinédine Zidane.
Malgré tout, le septuagénaire trouve bien une qualité à Deschamps : sa gestion des médias, exercice périlleux dans lequel Domenech lui-même a souvent cédé aux sirènes de la provocation, et donc de la déstabilisation. Un écueil que son successeur arrive globalement bien à éviter selon lui :
Oui, Didier l’a bien compris parce que son message, c’est qu’il ne faut pas qu’il y ait de polémiques et de vagues. Il en a pris quand même quelques-unes, sans le vouloir. Je trouve qu’il ne s’en est pas trop mal sorti. J’imaginais à chaque fois, si j’avais été à sa place, avec ma manière de faire, les bombes atomiques que j’aurais reçues à chaque rassemblement.
Si la France entière a chaviré de bonheur lors du sacre de 2018, ponctué de 14 buts inscrits par les Bleus, Raymond Domenech assure lui avoir vécu son « pire souvenir ». Est-ce parce que le plan de jeu de Didier Deschamps était ennuyeux, ou parce que lui n’a pas eu le bonheur de soulever une Coupe du Monde ? Lui seul le sait.