Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avant de s’envoler pour les galactiques du Real Madrid, c’est à la Juventus de Turin que Zinédine Zidane a fait croître sa réputation en Europe. Mais dans ce club à la réputation parfois trouble en termes de produits administrés aux joueurs, Zizou a probablement dépassé la ligne rouge à plusieurs reprises. Avec du recul, ses propos tenus en 1998 en disent d’ailleurs long.
Dans tous les sports, même si le vélo en reste le symbole, les années 1990 ont constitué un véritable coup d’accélérateur en termes de dopage. Dans le football, la Juventus a très longtemps été l’un des clubs les plus sulfureux, notamment en raison des pratiques du médecin en chef Riccardo Agricola – condamné à de la prison par la suite pour « utilisation abusive et dangereuse pour la santé de médicaments en dehors d toute justification thérapeutique entre 1994 et 1998 ».
Durant cette période, justement, lors de laquelle sévissait cet aficionado d’EPO et de transfusions sanguines, un certain Zinédine Zidane faisait partie de l’effectif bianconero, de même que Didier Deschamps d’ailleurs. Et si les deux hommes ont confessé du bout des lèvres avoir consommé de la créatine, Zizou s’était défendu de manière un brin maladroite.
Les propos troublants de Zinédine Zidane sur les « vitamines » italiennes
Dans les colonnes de France-Soir le 7 octobre 1998, le maestro lâchait en effet des propos passés inaperçus à l’époque, mais qui, avec le recul ont de quoi faire grincer des dents :
Il est courant en Italie qu’on t’injecte des piqûres de vitamines. Moi si je me sens fatigué avec des matches tous les trois jours je sais que je peux en disposer avant un match. C’est proposé, pas imposé.
Pour rappel, Agricola a été épinglé par le rapport d’enquête pour « l’utilisation quasi-certaine de traitements pharmacologiques tels que l’érythropoïétine (EPO), ou les transfusions », et chacun sait que le « suivi médical » dans le Piémont était particulièrement orienté vers la performance. Le cycliste Jesus Manzano a d’ailleurs affirmé avoir vu plusieurs joueurs dans l’appartement où les transfusions étaient pratiquées.
Bien sûr, Zidane n’a jamais été contrôlé positif. Il faut dire que les instances du football n’ont jamais vraiment cherché à combattre le dopage, allant même jusqu’à affirmer en marge du Mondial 2006 que « la probabilité de la pratique des transfusions est si faible que la combattre serait une perte de temps ».
Malgré tout, le dossier de Zizou s’était alourdi bien malgré lui, lorsque Johnny Hallyday, pas peu fier de révéler le secret de sa grande forme du haut de ses 60 ans, vantait en 2003 une clinique suisse qui lui avait été recommandée par « ZZ ». Le rocker déclarait alors :
On vous enlève du sang on l’oxygène et on vous le remet. Zidane y va deux fois par an. Je comprends.
La « pharmacisation » du sport de haut niveau dans les années 1990 est malheureusement une réalité, et le football italien en était à la pointe. De fait, il est aujourd’hui avéré que les joueurs turinois ont bénéficié des méthodes agressives du docteur Agricola, Zinédine Zidane inclus. La face sombre du sport d’élite.