Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Superstar du décathlon mondial, Kevin Mayer fait partie des plus célèbres athlètes de France et cela lui permet d’avoir une plateforme pour s’exprimer sur des sujets d’importance. Il y a quelques années, il s’en était notamment pris à l’éducation dans l’Hexagone, en particulier concernant les cours de sport.
Les Jeux Olympiques de Paris auront clairement été une fête, en particulier pour le sport français. La nation bleu-blanc-rouge a enregistré un nombre record de médailles (64) ainsi que de breloques en or (16) sur une seule édition, alors que des phénomènes comme Léon Marchand, Teddy Riner ou encore les jumeaux Lebrun ont rythmé la compétition par leurs exploits pendant deux semaines d’un show complètement dingue.
Mais tandis que les hautes sphères se félicitent de ces résultats en clamant que c’est le résultat d’un travail en profondeur sur le sport dans l’Hexagone, les athlètes eux-mêmes ont un avis bien différent sur la question. Depuis des années, ils critiquent la manière dont l’EPS est considérée au sein de l’Éducation nationale. On se souvient notamment du beef entre le basketteur Evan Fournier et l’ex-ministre Jean-Michel Blanquer.
Kevin Mayer dénonce la pratique du sport à l’école
Médaillé d’argent en décathlon aux JO de Tokyo, Kevin Mayer y était également allé de sa gueulante quelques semaines après son podium au Japon, auprès du Figaro :
En France, c’est limite dégradant d’être fort en sport. Tout ce qui est fait en France pour encourager les gens à faire du sport l’est pour la santé, ce qui est très bien, mais rien ne nous encourage à nous mettre en avant par le sport. L’école ne forme pas des champions mais peut faire naître des vocations.
A l’école, tout est fait pour faire comprendre aux enfants qu’il vaut mieux avoir une bonne note en mathématiques qu’en sport. Et encore, quand on est nul en sport, on obtient quand même des notes correctes alors qu’en maths, les professeurs n’hésitent pas à mettre des 2 ou des 3 sur 20. En sport, pour avoir 2 sur 20, il faut courir le 100m en dix minutes.
A l’école, la culture de la gagne en sport est tout simplement inexistante. L’opinion publique critique certains sportifs français qui ne donnent pas tout aux Jeux, mais on ne leur a jamais appris à le faire. Le problème est dans l’éducation sportive. Il faut faire comprendre aux enfants qu’ils peuvent exister par le sport.
Des paroles aussi dures que réalistes qui étaient alors remontées jusqu’à la ministre des Sports Roxane Maracineau, qui lui avait répondu cash :
On ne peut pas donner à l’école le rôle qu’a un club qui dirige les jeunes vers la haute performance. On doit travailler beaucoup plus main dans la main.
Le sport et son statut de matière à l’école continuent d’être un sujet problématique en France, trois ans après la déclaration de Kevin Mayer. L’arbre imposant que furent les Jeux Olympiques de Paris ne doivent donc pas occulter la forêt de problèmes…