Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Les années passent, et ceux qui étaient là lors de ses glorieuses années sont de moins en moins nombreux. Pourtant, Pelé reste une référence absolue dans le monde du football, un nom qui fait rêver les petits et les grands. Disparu il y a 2 ans désormais, le Brésilien peut en tout cas compter sur Michel Platini pour faire perdurer son héritage. Et pas qu’un peu.
Comme chacun le sait, Michel Platini a été l’idole de nombreux joueurs, et non des moindres. Zinédine Zidane n’a par exemple jamais caché avoir modelé son jeu par rapport à Enzo Francescoli d’une part, et « Platoche » de l’autre. Mais le vainqueur triomphal de l’Euro 1984 avec les Bleus (9 buts en 5 matchs) avait lui-même une idole étant jeune dans les années 1960 : Edson Arantes do Nascimento, alias Pelé. À « Paris Match », il racontait :
Tout au début pour moi, Pelé, c’est un imaginaire, un rêve, un fantasme. Mon père, Aldo, qui m’a offert mon premier ballon de foot, n’a que Pelé à la bouche, ainsi que tous les gens qui m’entourent. Pelé, c’est le meilleur des meilleurs, me dit-on. Et moi, sans savoir ce qu’il est, ce qu’il représente, je tape dans le ballon avec force et application en m’identifiant à lui, en devenant “Pelé-atini”. Je devrais attendre l’âge de 15 ans, et la Coupe du monde 1970 au Mexique pour, enfin, découvrir en couleurs le phénomène.
Michel Platini à genou devant Pelé
Par la suite, fort de son immense carrière, le Français a pu nouer une relation avec le Brésilien. Et s’ils ont eu quelques légers différents au fil des années dans leur après-carrière, Platini n’a jamais perdu l’immense respect qu’il a toujours voué à son idole. Dans les années 1990, il déclarait d’ailleurs :
Pelé n’est plus un footballeur, c’est un mythe. Quand on joue comme Pelé, on joue comme Dieu.
C’est donc tout naturellement que Platini a été touché par le décès de son idole, survenu le 29 décembre 2022. Dans un vibrant hommage, il avait souligné l’impact du triple champion du monde sur son sport et sur la société, lui dont la couleur de peau a parfois été un obstacle au Brésil :
Nous nous sommes croisés beaucoup de fois en 40 ans sans jamais vraiment parler foot. Des accolades, des rires, des regards appuyés suffisaient à notre bonheur partagé. Je garde surtout en mémoire mon jubilé à Nancy, au printemps 1988, auquel Pelé et Diego Maradona avaient tenu à participer sans poser la moindre condition.
Vitesse, dribble arrêté ou en pleine course, puissance dans son jeu de tête, pied droit, pied gauche, il avait tout. Tostao qui, avec lui, remporta la Coupe du monde 1970, à Mexico, a dit ceci : « Si on fusionne les qualités de Messi et de Cristiano Ronaldo, peut-être obtiendrait-on un joueur capable de soutenir la comparaison avec Pelé ». C’est si vrai.
Pelé a fini son parcours de vie. Mais son nom demeurera accroché à l’infini. Quoi qu’il advienne, il résistera au temps, lui, l’athlète du 20ème siècle. Lui, le joueur qui, du football, aura fait un art majeur et universel. Lui, le petit noir qui, à ses pieds, aura jeté les hommes de toutes les couleurs, de toutes les religions, de toutes les conditions.
Respecté par tous les amateurs de football de 7 à 77 ans, et même au-delà, Pelé a laissé une trace dans le football qui ira bien au-delà de son décès. Michel Platini, lui, gardera pour toujours le Brésilien comme le modèle ultime qui a révolutionné le football. Une grande marque de respect, d’un seigneur du ballon rond à un autre.