Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Ayant tout gagné ou presque au cours de sa mythique carrière, Michel Platini a seulement vu un trophée lui échapper, et c’est malheureusement le plus beau de tous : la Coupe du Monde. Battu par l’Allemagne en 1982 et 1986, le génial meneur de jeu tricolore en est arrivé à une conclusion claire et nette sur ses adversaires d’outre-Rhin.
Inutile de revenir sur la carrière de Michel Platini en club : passé par Nancy, Saint-Etienne et la Juventus de Turin, le natif de Joeuf a tout gagné, sans aucune exception. Il fut même l’unique buteur de la tristement célèbre finale de Ligue des Champions du Heysel, remportée par les bianconeri. Mais pour le grand public, c’est surtout le parcours de « Platoche » en équipe de France qui reste.
Après une terrible disette dans les années 1960 et 1970, Platini a été le fer de lance et le charismatique leader du renouveau du football français. Chaîne autour du cou, maillot par-dessus le short, le génie du ballon rond n’était pas seulement le capitaine de cette équipe de France : il en était l’image, l’âme, le guide. Et avec l’aide des Giresse, Tigana et consorts, c’est un pays entier qui a de nouveau rêvé.
Michel Platini revient sur les défaites face à l’Allemagne
Vainqueur triomphal de l’Euro 1984 avec 9 buts inscrits en 5 matchs, Platini n’a en revanche jamais atteint le Graal qu’est la Coupe du Monde. Trop jeune en 1978, l’équipe de France nourrit en revanche d’éternels regrets à propos des éditions 1982 et 1986 ou, à chaque fois, l’Allemagne a renvoyé les Bleus à la maison en demi-finale.
Mais si le match de 1986 ne souffre d’aucune contestation (0-2, plusieurs joueurs français diminués dont Platini), Séville 1982 reste en revanche une rencontre rentrée dans l’histoire.
Victimes d’un vol arbitral incommensurable suite à l’agression délibérée d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston, les Bleus ont pourtant réussi à prendre l’avantage 3-1 en prolongation. La suite ? Un but de Rummenigge, un de Littbarski, et des tirs aux buts perdus dans la torpeur espagnole. Bien des années plus tard, Michel Hidalgo raconta :
Je n’ai jamais vu des vestiaires comme ça après le match. C’était presque la maternelle avec des pleurs. Il y a deux joueurs, je n’ai jamais dit leur nom, qu’on a été obligé de mettre tout habillés sous la douche, ils n’arrivaient pas à se déshabiller.
Perdants magnifiques de cette soirée passée à la postérité, les tricolores n’ont jamais digéré ce scénario hollywoodien. Platini lui-même l’a d’ailleurs affirmé à de nombreuses reprises :
Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant d’émotions que notre match de Séville.
Il n’en reste pas moins que si les 22 acteurs du soir sont entrés dans l’histoire, ce sont bel et bien les Allemands qui ont gagné, et qui, comme en 1986, ont privé « Platoche » du bonheur suprême. De quoi lui inspirer une phrase philosophique et pleine de respect pour ses rivaux à l’impressionnante constance :
Les Allemands ils vont en finale quand ils sont mauvais, et ils gagnent quand ils sont bons.
Encore profondément marqué par ce double-échec contre l’Allemagne qui l’a empêché d’absolument tout gagner dans le monde du football, Michel Platini est toutefois fier d’avoir pris part à un match d’une telle dramaturgie. Les Français, eux, ont conjuré le mauvais sort en demi-finale de l’Euro 2016, en parvenant enfin à éliminer leurs rivaux à ce stade d’une compétition.