Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Tous deux champions olympiques à douze ans d’écart, Florent Manaudou et Léon Marchand sont les principaux visages de la natation française. Mais un seul arbre cache parfois tout une forêt à problèmes… Une agent d’athlètes tricolores a d’ailleurs lâché une mise au point assez inquiétante sur le sujet, après les Jeux de Paris.
Léon Marchand n’est pas seulement devenu une superstar cet été, mais une véritable icône du sport mondial. Quatre fois médaillé d’or à Paris, le nageur dispose d’un statut à part dans sa discipline avec des contrats de sponsors avec le groupe LVMH ou encore Porsche. L’agent Sophie Kamoun explique d’ailleurs que la pépite de 22 ans en est désormais à un stade où elle pourra obtenir autant d’argent qu’elle le désire :
Si une entreprise a vraiment envie de bénéficier de son image et qu’elle en a les moyens, elle s’alignera à ses exigences financières. Son aura est internationale, des milliards de personnes dans le monde l’ont découvert aux JO et son exposition lors de la cérémonie de clôture a été gigantesque. Aux USA, il représente le petit Frenchie qui s’est expatrié pour réussir et qui a choisi Bob Bowman, le coach de Michael Phelps. C’est une belle histoire à quatre ans des JO de Los Angeles.
La rémunération des nageurs, un gros problème en France
À l’image d’un Florent Manaudou champion olympique en 2012 à Londres, le Toulousain a désormais atteint une sphère assez privilégiée sur le plan financier. Surtout en natation, où la rémunération pose problème depuis belle lurette et notamment dans l’Hexagone… Représentante de Maxime Grousset et Yohann Ndoye Brouard chez les Bleus, Kamoun ne mâchait pas ses mots sur le sujet en interview avec Eurosport :
Aujourd’hui, c’est compliqué pour un nageur de vivre avec la seule aide des institutions, club ou fédération. On est obligé d’aller chercher des partenaires dans le privé pour les aider à se préparer sereinement. Marchand et Manaudou seront à l’abri financièrement quand tout s’arrêtera. Pour les autres, ils peuvent vivre sereinement pendant leur carrière mais pas au point d’assurer leur avenir.
Maxime, Charlotte (Bonnet) ou Yohann ne galèrent pas pour payer leur loyer et peuvent se permettre de mettre un peu d’argent de côté mais Charlotte, qui a arrêté cet été sa carrière, devra trouver un emploi dans les années qui viennent. La natation est un sport qui exige beaucoup d’entraînement, et un partenaire ne peut pas disposer d’un athlète dix jours par an pour des contraintes de calendrier.
Un bien triste constat partagé par Julien Issoulé, DTN de la natation française et qui allait encore plus loin avec une mise au point brutale sur les finances des nageurs :
Impossible d’en vivre à part pour celui qui est champion olympique. Et encore, si tu es champion olympique en relais ça peut passer, mais c’est juste.
Ce n’est pas un hasard si de nombreux nageurs mènent une autre carrière en parallèle à celle dans les bassins, avant même leur retraite sportive. Léon Marchand et Florent Manaudou n’auront jamais ce problème, mais ils sont des ovnis dans le paysage français.