Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avant de finir tranquillement sa carrière du côté de l’Inter Miami, Blaise Matuidi a vécu trois années d’une grande intensité dans le club historique de la Juventus de Turin. Alors quel bilan tirer de ce passage de 3 ans en Italie ? La réponse est plutôt positive, même si le tricolore n’a pas manqué d’être confronté à la face sombre du championnat transalpin…
Si le grand public se souviendra surtout de lui pour ses années au Paris Saint-Germain et sous le maillot de l’équipe de France, Blaise Matuidi a écrit une page non-négligeable de sa carrière du côté de la Juventus de Turin. Là-bas, le Français a découvert l’exigence ultra-poussée de la Serie A, ce qui ne lui a pas déplu. Il expliquait ainsi au « Figaro » :
Rien n’est laissé au hasard. Que ce soit le staff médical avec je ne sais combien de spécialistes, le staff technique ou encore les séances sur et en dehors du terrain, on ne nous laisse jamais tranquille (sourire). C’est la marque de fabrique ici, on bosse comme des dingues au quotidien. En arrivant je me suis forcé à bosser – enfin on m’a plutôt forcé au début, et après je m’y suis mis, j’étais obligé. Ici, j’ai appris le goût du travail au quotidien.
Blaise Matuidi pas épargné par le racisme en Italie
Malheureusement, Matuidi a aussi connu le moins bon côté du championnat italien, avec le racisme ambiant de certains groupes de supporters :
J’ai déjà eu ce problème-là, à Cagliari, comme Romelu Lukaku. Il faudrait que des mesures soient prises car ces attitudes n’ont pas leur place dans le monde du foot, tout comme dans la vie tout court.
Il y a des instances qui sont là pour prendre des décisions. À eux de le faire car ces gens, même si c’est une minorité, n’ont pas leur place dans un stade.
Malheureusement, les sanctions et mesures se sont montrées plutôt timorées jusqu’ici. Il ne s’agit évidemment pas de généraliser ce travers des Italiens, mais il est vrai que dans les 5 grands championnats, la Serie A est malheureusement celui qui se signale le plus par des agissements racistes, suivi par la Liga espagnole.
Alors pourquoi les choses traînent-elles à s’améliorer ? Vincent Kompany a bien une idée. L’ancien capitaine emblématique de Manchester City, désormais reconverti en tant qu’entraîneur, souligne le manque de diversité au sein des instances :
Aucune de ces institutions n’a des représentants qui peuvent réellement comprendre ce que vit Romelu. Vous avez affaire à des décideurs qui lui disent ce qu’il devrait penser et ressentir à ce sujet alors qu’aucun d’eux n’a vécu de près ou de loin ce que lui vit. C’est ça le vrai problème.
Si vous regardez les conseils d’administration de l’UEFA ou de la FIFA, de la Ligue italienne ou anglaise, il y a un réel manque de diversité. S’il n’y pas de diversité à ce niveau de pouvoir, alors vous ne pouvez pas prendre les bonnes décisions en matière de sanctions. C’est aussi simple que ça.
Comme Romelu Lukaku et tant d’autres, Blaise Matuidi a rejoint la longue et triste liste des joueurs de couleur qui ont subi du racisme lors de leur passage en Serie A. Les saisons passent, mais ces phénomènes continuent d’être constatés fréquemment, sans que de réelles sanctions soient mises sur la table. De quoi désespérer, même si le Français n’oublie pas non plus tout le positif lors de ses trois années turinoises.