Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Pour les amoureux du Splendid, et pour la troupe elle-même évidemment, l’année 2024 restera tristement connotée comme étant celle de la brutale disparition de Michel Blanc. Plus de deux mois après les faits, Thierry Lhermitte a pris la parole en longueur pour l’une des toutes premières fois. Avec franchise, sincérité, et, évidemment, beaucoup d’émotion.
La mort peut frapper soudainement, et le décès de Michel Blanc le 3 octobre dernier nous l’a malheureusement rappelé. Alors que les membres du Splendid s’étaient réunis quelques semaines à peine auparavant, et qu’un éventuel projet de nouveau film ensemble commençait à faire son chemin, celui qui a donné ses traits à Jean-Claude Dusse a fait sa plus mauvaise blague : une réaction allergique qui lui a coûté la vie.
Thierry Lhermitte évoque son déni suite au décès de Michel Blanc
D’abord, ce fut la sidération pour ses amis de la troupe, qui ont réagi via un communiqué demandant que leur deuil soit respecté. Le temps a fait son effet depuis, et si l’immense chagrin demeure, les langues commencent à se délier. C’est ainsi qu’au micro de « 50mn Inside », Thierry Lhermitte s’est confié à coeur ouvert, notamment à propos de l’enterrement, évoquant la notion de déni qui s’est emparée de ses acolytes et lui :
Michel a ouvert le bal, on va dire… Je ne m’y suis pas encore fait, pour tout vous dire franchement. On était à la cérémonie des obsèques, mais il n’était pas dans la boite, il était avec nous, en train de rire de ce qu’on entendait, parce qu’on a pris des fous rires, comme souvent aux enterrements. Et bien sûr qu’on imaginait les bêtises qu’il aurait pu dire…
Parmi elles, une boutade qui a particulièrement été remarquée : l’étrange inscription sur une gerbe déposée par la troupe, chacun arborant l’oeil rieur et le sourire goguenard. Alors pourquoi ? Lhermitte raconte :
Avec Michel, on était tous les deux les présidents de la petite société qu’on avait, voilà. On s’appelait « Président », on rigolait avec ça et on avait un petit délire, c’était d’appeler notre société la « Française d’intensité ». Ce qui ne veut rien dire du tout, mais qui fait comme la Française des Jeux, la Française des Pétroles, la Française machin, machin.
Et donc, on a fait une gerbe avec marqué : « Tes collègues de la Française d’intensité », comme si c’était une cérémonie de départ en retraite. Je pense que Michel aurait beaucoup ri avec ça. Beaucoup, beaucoup, beaucoup…
De bien belles paroles, qui font également écho à celles de Gérard Jugnot. Début novembre, c’est au micro d’Europe 1 que l’inoubliable interprète de Clément Mathieu s’était exprimé, très ému, sur la disparition soudaine de son camarde. Il lui avait alors rendu hommage, tout en avouant à demi-mot que désormais, rien ne serait plus jamais pareil :
C’était un formidable dialoguiste, il avait le sens de la formule. C’était un grand auteur. À chaque fois qu’on se retrouvait, on rigolait comme des cons… C’est vrai que ça nous a un peu surpris. Ça nous a foutu un petit coup derrière la tête. C’est arrivé d’une manière tellement soudaine et un peu bizarre, un choc anaphylactique à cause d’un antibiotique… C’est vraiment un truc très bête. Mais bon…
Sonnés et meurtris par le décès soudain de Michel Blanc, les membres du Splendid ont débuté leur processus deuil par le rire, comme un symbole. Un moment particulièrement fort lors duquel Thierry Lhermitte et consorts ont senti la présence de leur ami auprès d’eux. Même si, évidemment, les éclats de rire et les sourires ne cachent pas toutes les larmes de tristesse qui ont coulé depuis ce funeste 3 octobre.