Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Passé 4 ans par la France, au Paris Saint-Germain, Zlatan Ibrahimovic a eu le temps de découvrir la société française et de s’en imprégner. C’est ainsi que le colosse suédois a livré son avis sur le multiculturalisme très présent dans l’Hexagone, lui l’enfant de l’immigration, qui n’en a à l’évidence rien oublié.
Né d’un père bosnien et d’une mère croate, Zlatan Ibrahimovic a très vite été confronté à la question de la discrimination et du regard différent des autres lors de son enfance en Suède. Dans un entretien accordé à L’Équipe en 2021, « Ibra » s’était ainsi ouvert sur le racisme qu’il a subi, et sur le ressenti que cela a généré en lui :
Quand j’étais petit, je ne me sentais pas suédois, parce qu’ils me faisaient sentir que j’étais différent. J’ai été traité différemment, regardé différemment… C’est pour ça que je ne me sentais pas 100% suédois. On me faisait sentir ça. Mais, aujourd’hui, je le dis, je suis 100 % suédois. Quand tu es jeune, tu subis un peu la chose. Mais il y a des conséquences à tout ça. Mentalement, quand tu es traité différemment, parce que tu es différent à leurs yeux, c’est dur.
Quand tu es harcelé, les conséquences peuvent être pour toute la vie. Mais tous ces gens sont des ignorants qui pensent encore vivre dans leur vieux monde. Ma femme est 100% suédoise, et donc mes enfants, bien qu’issus d’un mélange, aussi. C’est beau. C’est le monde actuel.
Zlatan Ibrahimovic évoque la société multiculturelle en France
Fier d’être le reflet du multiculturalisme de plus en plus répandu en Europe, Zlatan a d’ailleurs profité de l’interview pour tacler ceux qui s’y opposent en France. Avec son franc-parler habituel, il a ainsi dégainé :
Maintenant, plus vieux, j’ai de l’expérience, je suis 100% suédois. Je suis la nouvelle Suède. C’est le monde désormais. En France, c’est pareil. Là-bas, il y a encore des gens qui parlent de la vieille France. Oh ! On est en 2021 ! Le monde est rempli de mélanges, de différents contrastes. Et ce n’est pas parce que tu es ainsi que tu ne peux pas te sentir 100% France ou 100% Suède.
À la fois idéaliste et fataliste, Ibrahimovic n’est pas de ceux qui pensent que le racisme disparaîtra. Mais il le déplore évidemment :
Si je ressens encore le racisme en Suède ? Pas moi, mais ça existe toujours, bien sûr. Partout dans le monde. Y aura toujours des ignorants. Alors qu’on est là pour partager de l’amour et de la joie sur cette terre et dans ce que l’on fait de mieux.
En revanche, s’il prône l’unité, pas question pour Ibrahimovic de donner à ses propos un ton politique – en s’en prenant par exemple à certains partis. Il justifie :
La politique divise les gens. Le football unit les gens. Grosse différence. Parce que j’ai la chance de pouvoir rencontrer et connaître des gars que je n’aurais jamais connus si je n’avais pas joué au foot. J’ai rencontré des gens des quatre coins du monde. Si je voulais faire de la politique, je ferais de la politique. On ne devrait faire que ce pourquoi on est bon. Le sport et la politique sont dans deux catégories différentes. Si tu es intelligent, tu le comprends.
Ce n’est pas une question de prendre position ou pas. Nous, les footballeurs, on diffuse de l’amour et de la joie. Tu ne peux pas apporter ta politique dans mon monde. Je ne suis pas là pour faire passer un mauvais message aux gens. Je ne suis là que pour unir, diffuser de l’amour et de la joie. C’est le meilleur moyen que l’on a pour le faire. Le football ou le sport. Parce qu’on est bon pour ça. Je suis bon pour ça. Je suis bon au football.
Sans citer personne, Zlatan Ibrahimovic a bien fait comprendre qu’il ne portait pas spécialement dans son coeur les politiciens conservateurs, qui souhaitent réguler l’immigration. Une prise de parole assumée de la part de l’ancien joueur du PSG, lui le porte-étendard de ce « monde rempli de mélanges » qu’il apprécie tant.