Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avant de devenir l’un des plus grands attaquants de l’histoire du football, c’est dans ses jeunes années, en tant qu’adolescent, que Thierry Henry a fait ses gammes à Clairefontaine. Il y a d’ailleurs appris de précieuses leçons, lui qui avait, à ses yeux, des prédispositions différentes de celles des joueurs blancs de son âge. Explications.
Le talent naturel est une chose, mais le travail pour le magnifier en est une autre. À de rares exceptions, il n’y a pas de secret : tous les plus grands sportifs de l’histoire sont de grands travailleurs, qui ont su maximiser leurs qualités à force d’entraînement et de répétition. Et en la matière, impossible de ne pas citer Thierry Henry.
En club comme en sélection, le natif des Ulis a tout gagné. Mais ses qualités physiques intrinsèques ne lui auraient pas suffi en tant que telles, et c’est à Clairefontaine qu’il a véritablement pris conscience de ce qu’était le football de haut niveau dans toutes ses facettes. Bien loin d’un regard unidimensionnel seulement porté sur son accélération de tous les diables.
Thierry Henry évoque les différents stéréotypes de joueurs
Interrogé par FFF TV, Thierry Henry est ainsi revenu sur les leçons que lui a inculquées Francisco Filho lors de ses jeunes années. Il y a notamment évoqué ce rapport à sa pointe de vitesse dévastatrice. Sans tabou, et en évoquant les différentes caractéristiques en fonction de la couleur de peau selon lui :
J’avais des thèmes. Par exemple, j’allais « que » vite. Dribbler, bon… Mon dribble, c’était pousser la balle et c’est tout. Quand tu vas vite, tu n’es pas obligé de travailler tes courses. Même avec 2 mètres de retard, tu passes.
À l’inverse, un joueur plus lent est obligé de rentrer dans la réflexion plus rapidement, parce que sinon il ne passe. Donc Monsieur Francisco m’a dit un jour : « Aujourd’hui, je ne veux pas que tu passes tes joueurs par la vitesse. Fais quelque chose d’autre, un dribble, une vraie course. Pas juste pousser la balle et courir. Ça tu l’as, tu l’auras toujours. Si tu dois travailler le reste, c’est maintenant, après ce sera trop tard ». Un autre jour, il m’a interdit de remettre la balle derrière.
Une autre fois, interdit de dribbler. Je devais passer mon joueur par l’appel de balle. Il me disait : « Un jour il y aura un joueur aussi rapide que toi, ou aussi costaud. Qu’est-ce que tu auras développé ? »
Les joueurs blancs, pas rapides, développent tôt une vision du jeu et une compréhension du jeu beaucoup plus rapide que celui qu’a l’atout de la vitesse. Surtout si son coach amplifie ça pour pouvoir gagner. Mais comme à Clairefontaine le plus important ce n’était pas de gagner, mais de savoir combien de joueurs arriveraient en équipe de France, il y avait ce souci d’apprendre à jouer au foot. Dans tous les sens du terme.
Est-ce à dire que les joueurs blancs sont forcément moins rapides ? Pas toujours, mais la tendance générale va en ce sens, et Henry ne l’a pas niée. L’honnêteté, c’est aussi l’une des valeurs qui primaient dans la relation entre joueurs et éducateurs à Clairefontaine, et « Titi » ne l’a pas oublié.
Conscient de ses incroyables prédispositions physiques, qu’il semble en partie attribuer à sa génétique, Thierry Henry a gardé une incroyable reconnaissance envers tous les entraîneurs et éducateurs qu’il a côtoyés à Clairefontaine, et qui lui ont permis de ne pas se reposer seulement sur sa vitesse. Une période déterminante qui reste très chère au coeur de l’attaquant.