Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Rapidement devenu une superstar mondiale après ses débuts en NBA, Kobe Bryant avait fait un détour par les plateaux de télévision français en 1998. L’occasion pour lui de s’exprimer honnêtement sur le lock-out alors en place dans la grande ligue.
Quand on voit les salaires des joueurs NBA, difficile de ne pas avoir le tournis. Stephen Curry gagne en une année plus que sur le contrat qu’il avait signé en 2012 (48 millions sur quatre ans) dont on disait alors qu’il était trop coûteux. Et si on vous disait que Victor Wembanyama pourrait devenir l’un des premiers à toucher un chèque… à 100 millions de dollars la saison ? Voire un contrat à un milliard de billets verts ?
Autant dire que les stars de la ligue baignent plus que jamais dans l’argent et même les role players touchent aujourd’hui des montants insensés aux yeux d’athlètes passés dix ou vingt ans avant eux. Le résultat d’un processus d’équilibre des forces qui ne date pas d’hier, puisque la ligue a souvent dû faire face à un bloc de joueurs unis et prêts à tout pour avoir une meilleure rémunération. Y compris à ne pas jouer du tout…
Encore tout jeune, Kobe Bryant honnête sur le lock-out de 1999
Car afin d’obtenir ce qu’ils veulent, ces derniers n’ont pas eu peur d’avoir recours au lock-out par le passé, immobilisant ainsi la NBA. Le dernier en date a eu lieu en 2011-12, mais celui de 1998-99 est peut-être le plus célèbre de tous puisque la saison n’avait commencé qu’en février. En août 1998, un certain Kobe Bryant avait d’ailleurs abordé le sujet auprès de George Eddy… en France, sur le plateau de Canal+ Sport :
Kobe Bryant : Il faut se placer et analyser ça des deux points de vue : moi je suis un joueur NBA, je suis un professionnel, c’est mon travail. Mais en même temps de l’autre côté on dit : « ces gars sont égoïstes, ils demandent des salaires trop élevés, on les paie déjà beaucoup trop cher. » Donc il faut considérer les deux points de vue.
George Eddy : Et les fans là-dedans ? Ils vont être un peu fâchés avec ces milliardaires qui se battent.
Kobe Bryant : En ce moment c’est vraiment dommage, parce que la NBA est vraiment devenu un business maintenant, une affaire commerciale. On a transformé le basket en une industrie, mais bon…
Le Hall of Famer n’était alors encore âgé que de 20 ans, mais il avait visiblement déjà très bien compris la manière dont fonctionnait la grande ligue et les dilemmes qui s’imposaient à elle ainsi qu’aux joueurs. On notera d’ailleurs que la saison écourtée qui suivit ne fut pas une grande réussite pour les Lakers et lui, sweepés par les Spurs futurs champion en demi-finales de conférence à l’Ouest. Mais le meilleur était à venir.
Il n’a pas fallu bien longtemps à Kobe Bryant pour saisir l’aspect business du basket-ball aux États-Unis. De quoi lui permettre de devenir plus tard un homme d’affaires avisé et doté d’une belle fortune, à une époque où les salaires en NBA étaient infiniment plus bas que ceux que touchent les joueurs d’aujourd’hui.