Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avant N’Golo Kanté, il y avait Claude Makélé. Certes un peu moins offensif, et plus dur sur l’homme, l’ancien joueur du Real Madrid et du PSG notamment s’est imposé comme l’un des joueurs les plus craints à son poste dans les années 2000. Il faut dire que contrairement à certains de ses camarades, le tricolore n’a jamais eu peur de personne. Demandez à Lionel Messi…
Claude Makélélé est-il sous-côté ? C’est bien probable. Apprécié partout où il est passé, le milieu de terrain s’est constitué un palmarès long comme le bras. Et si, en 2006, Zinédine Zidane a accaparé une bonne partie de l’attention, le duo formé par Patrick Vieira et Makélélé peut aisément postuler au panthéon des paires de milieux défensifs du football moderne.
Son niveau de jeu le plus élevé, c’est justement à cette période que le Zaïrois de naissance l’a aussi atteint en club. Patron de Chelsea dans le coeur du jeu, « Kéké » est alors si confiant dans ses capacités qu’il ne craignait rien ni personne… pas même un petit Argentin du nom de Lionel Messi, qui a eu l’outrecuidance de tenter de le dribbler en faisant le show.
Claude Makélélé, l’homme sans crainte
Hasard des tirages au sort : au milieu des années 2000, Chelsea et le FC Barcelone se sont souvent retrouvés. Le Français a alors fait la connaissance de Messi, jeune phénomène pas encore âgé de 20 ans. L’Argentin est fougueux, tente, ose, et brille tant par sa vitesse que par sa technique. Pris dans son élan, il tente un petit pont sur Makélélé, qui lui répond par un taquet virulent. Son explication ? La voici :
Lors de Chelsea-Barça, Messi me met un petit pont et veut récupérer le ballon derrière. Mais nous, à notre époque, on nous a appris : « Le ballon passe mais pas l’homme, ou alors l’homme passe mais le ballon reste ». Donc après, je viens vers lui et je lui dis : « Tu t’attendais à quoi ? Attention, tu t’attendais à quoi ? »
Et là, c’est Deco qui vient le défendre et je lui dis : « Non mais, le petit il a cru qu’on était sur PlayStation ».
Il ne s’agit pas de la seule légende du football que Makélélé a calmé par la parole. Toujours lors de ces fameux matchs entre Chelsea et le Barça, c’est Ronaldinho qui a fait les frais de la verve de « Kéké ». En 2019, il expliquait lors d’une conversation avec William Gallas :
Zidane c’était un artiste, et chaque mouvement qu’il faisait, c’était pour emmener un plus offensivement ou aller de l’avant. Pourtant il en a pris, des coups, tout ça… Dans ce contexte là, tu ne peux rien dire. Ronaldinho, pareil, dans ce contexte là, tu ne peux rien dire. Mais à un moment il commençait à abuser. Tu te rappelles ? il y a eu des situations où il arrive, il bloque le ballon, etc, etc.
Moi je lui ai dit : « Petit, je préfère que tu viennes et que tu me dribbles dans de bonnes conditions. Mais tous tes trucs de PlayStation là, moi je vais t’envoyer à l’hôpital ». Qu’est-ce qu’il a fait ? Il a donné son ballon et m’a dit : « Vieux père, excuse-moi ».
Décidément fan des allusions à la PlayStation lorsqu’il voulait recadrer des joueurs trop impétueux à son goût, Claude Makélélé ne s’est jamais laissé intimider par qui que ce soit y compris Lionel Messi. C’est probablement ce qui lui a permis de réaliser la carrière quasi-parfaite qui a été la sienne, en se tenant la tête haute, et toujours au service de ses équipes successives.