Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
S’il est né en France, et qu’il y a fait ses armes, c’est bel et bien en Allemagne que Franck Ribéry a vécu les plus belles années de sa carrière. Et alors que « Kaiser Franck » continue de souffrir d’un manque de popularité en France, un joueur allemand a pris la parole pour donner le point de vue qui émane de l’autre côté du Rhin.
Si certains joueurs restent associés aux plus belles périodes de l’histoire de l’équipe de France, Franck Ribéry lui, reste perçu par le grand public comme le symbole d’une époque où plus rien n’allait chez les Bleus. Est-ce vraiment juste ? Oui et non. Certes, le natif de Boulogne-sur-Mer a effectivement incarné Knysna, naufrage du football tricolore. Mais il n’y a pas eu que ça.
Propulsé sur le devant de la scène avec son but face à l’Espagne en Coupe du Monde 2006, Ribéry a aussi été l’un des moteurs du renouveau des Bleus après 2012, au début de l’ère Deschamps, notamment lors de la double confrontation face à l’Ukraine. Mais son image publique, elle, est restée bloquée en 2010. Et En Allemagne, on ne comprend pas, à commencer par Thilo Kehrer.
Thilo Kehrer explique la popularité de Franck Ribéry en Allemagne
Invité de Zack Nani il y a quelques temps, le joueur de l’AS Monaco s’était montré dithyrambique envers le Français, soulignant son impact durable outre-Rhin :
Extraordinaire, vraiment… Le dribble, la finesse technique, l’efficacité avec ses buts et passes décisives… Il débloquait des situations avec sa qualité balle au pied. La Bundesliga se rappelle de Ribéry.
En Allemagne, il est aimé de ouf, partout. Surtout à Munich, il est resté plus de 10 ans, et il a performé année après année. Il a faisait des choses qu’on n’avait jamais vu en Bundesliga. Kaiser Frank !
Il est vrai que le contraste est saisissant entre la star unanimement appréciée qu’est Ribéry en Allemagne, et la persona non grata qu’il semble pratiquement être en France. Et malheureusement, le divorce semble bel et bien être consommé.
Désormais très rare en France, le « Kaiser », qui a publiquement affirmé « se sentir Allemand », a toutefois pris le temps d’expliquer ses griefs il y a quelques années. Et c’est l’amertume qui prédomine :
J’ai tellement aidé mon pays. Et puis il y a eu le problème avec mon dos avant la Coupe du Monde 2014. Les gens ont soudainement oublié ce que j’avais fait pour la France. Ça fait mal, mais c’est le passé.
J’ai été touché, profondément touché par ce qui s’est passé, ce qui a été dit avant le Mondial. La France a été à la Coupe du Monde grâce à moi. Mais tout est terminé, maintenant. Définitivement. Je ne lis plus la presse française, je ne regarde plus la télévision française…
S’il n’est pas roi dans son pays, bien loin de là au regard de l’importante cote d’impopularité qui continue d’être la sienne, Franck Ribéry a trouvé une deuxième maison en Allemagne. Là-bas, il y est aussi respecté et apprécié qu’il est décrié dans l’Hexagone, et c’est tout naturellement qu’il envisage d’y passer une bonne partie du reste de ses jours. Au point, d’ailleurs, de s’assurer que son fils joue pour la Mannschaft s’il venait à devenir joueur professionnel.