Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Compétiteur ultime, Michael Jordan n’épargnait rien ni personne que ce soit en match ou à l’entraînement. Adversaire puis coéquipier de l’arrière, John Salley se rappelle du moment où il avait compris à quel genre de joueur il avait affaire…
Pour certains, LeBron James l’a désormais dépassé. Mais pour la majorité des observateurs et ce plus de 20 ans après sa retraite, Michael Jordan demeure à ce jour le plus grand basketteur de tous les temps. Il faut dire que l’ancien des Bulls a marqué l’histoire de la balle orange par ses exploits, mais aussi une mentalité bien à lui qui a alimenté bon nombre d’histoires et de légendes à son sujet.
D’abord grand adversaire de His Airness sous le maillot des Bad Boys de Detroit, John Salley a fini par devenir son coéquipier à Chicago en 1995-96. À ce moment-là, Mike était de retour depuis quelques mois seulement… mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour abasourdir l’ancien des Pistons, comme ce dernier l’a confié sur le podcast de Byron Scott :
L’entraînement légendaire de Michael Jordan en 1995-96
On avait un entraînement et Phil (Jackson) a dit à MJ de rentrer chez lui. Il ne savait pas pourquoi, et il a attendu. Puis Phil a dit : « Très bien, on fait un scrimmage pendant quelques minutes », et MJ est revenu. Non, non, non, tu ne vas pas me faire sortir », a-t-il dit. Il portait des chaussures de tennis ordinaires qui ressemblaient à des Vans mais qui étaient des Nike, et ses sweats étaient coupés et roulés en bas.
Il pensait qu’il avait l’air cool, mais vous savez, on ne dit rien au Messie. Il a dit : « Mettez tous les Pistons dans cette équipe. Mettez Ron Harper et Randy Brown dans cette équipe. » Harp était furieux. On jouait, et tout d’un coup, je suis en train de courir vers mon panier, et MJ vole un ballon. Je le vois s’élancer pour un dunk de la main droite et je me dis que je sais exactement quel dunk il va tenter et que je vais le contrer.
Je m’en fiche, je me retourne et au moment où je m’apprête à sauter, son tronc passe devant mon visage. Vous essayez de vous baisser à ce moment-là, mais il vous dit : « Bloque ça, s*lope ! ». Boom. Il a fait un dunk. Je prend le ballon, boum boum, et je loge à l’hôtel situé derrière l’installation, alors je saute la clôture et je rentre chez moi.
J’appelle ma mère et elle me demande comment ça se passe. Je lui réponds : « Maman, je viens de voir le plus grand joueur de tous les temps ». Elle me dit : « Il t’a fallu tout ce temps pour l’admettre ? ». Je lui réponds : « Oui, il m’a fallu tout ce temps, mais je viens de le voir porter des chaussures de tennis, sans ruban adhésif, sans genouillère, sans bracelet, avec un pantalon de survêtement, un t-shirt et un maillot d’entraînement, et il a joué comme si c’était les Finales. »
John Salley n’en revenait pas de l’intensité dégagée par Michael Jordan, qui traitait n’importe quel moment sur un terrain de basket comme une occasion d’écraser la concurrence. Même en tant qu’ex-membre des Bad Boys, il ne pouvait que s’agenouiller.