Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Milieu de terrain parmi les plus craints de son époque, Claude Makélélé a contribué à écrire certaines des pages les plus marquantes de l’équipe de France moderne, notamment lors du Mondial 2006. Mais a-t-il été vraiment reconnu à sa juste valeur ? Il ne le pense pas, et à son sens, sa couleur de peau ne l’a pas aidé dans sa perception par les Français…
Il a joué au Real Madrid et à Chelsea, deux des plus grands clubs des années 2000, et il a convaincu partout. Milieu récupérateur d’exception, capable d’incarner un véritable rideau de fer devant la défense avec Patrick Vieira sous le maillot bleu, Claude Makélélé est considéré aujourd’hui encore comme une référence. D’ailleurs, N’Golo Kanté n’a jamais caché qu’il s’agissait de l’un de ses modèles.
Pourtant, « Kéké » semble estimer ne pas avoir été reconnu autant qu’il aurait pu l’être. Certes, il évoluait à un poste qui n’est pas forcément le plus attrayant, ou celui que le grand public remarque le plus. Mais le principal intéressé estime aussi qu’un autre élément a joué en sa défaveur : sa couleur de peau, lui le natif de Kinshasa.
Claude Makélélé estime avoir été lésé en raison de sa couleur de peau
Lors d’un entretien accordé à « Carré », Makélélé a approuvé une question lui demandant s’il considère que d’autres opportunités se seraient présentées à lui s’il avait été blanc :
Si j’avais été blanc ? Oula, je pense qu’on m’aurait fait une statue. Sans être arrogant, oui, on me ferait une statue.
Comme Thierry Henry après le fameux épisode de la main contre l’Irlande, le quinquagénaire déplore un manque de reconnaissance dans son pays. En revanche, il a tenu à saluer l’Angleterre, où il a évolué 5 ans, avec des mots forts :
Je reconnais que les Anglais, merci à eux, ont reconnu ce que je suis. Et pour ça, je les remercierai toujours. Après, on est ce qu’on est.
Pas besoin de lire entre les lignes pour en tirer la conclusion évidente : aux yeux de « Kéké », les Français, eux, n’ont pas été capables de faire aussi bien que leurs homologues d’outre-Manche en la matière. Plus largement, c’est malheureusement un prisme assez négatif que Makélélé a développé sur le racisme, toujours aussi prégnant dans le foot et la société :
Le racisme a évolué, il est différent à tous les niveaux. Il faut alerter, dire les choses, mais ça ne prendra jamais fin. C’est comme un virus, ça mute à chaque fois. C’est le cas depuis des décennies et des décennies…
Dans la perception de sa carrière de joueur, comme dans les opportunités qu’il a eues (ou qu’il n’a plutôt pas eues) en tant qu’entraîneur, Claude Makélélé estime qu’être noir l’a desservi. Pur ressenti ou réalité ? Chacun se fera son avis sur la question. On ne peut en tout cas que souhaiter à l’ancien Bleu de trouver chaussure à son pied, avec une équipe qui lui fera confiance et qui lui permettra de montrer ses pleins talents de coach.