L’ayant affronté, la légende Alain Prost sans détour sur Michael Schumacher : « Il ne me…

Michael Schumacher et Alain Prost
Le Huff (DR) / Canal+ (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

S’ils sont issus de générations bien différentes, Alain Prost et Michael Schumacher ont comme point commun majeur d’être des génies de leur sport. Et comme le destin a bien fait les choses, le Français et l’Allemand ont eu le temps de courir une saison ensemble sur le circuit, en 1993. Prost en garde d’ailleurs un vif souvenir, qu’il a confié avec sa franchise habituelle.

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Les années passent, mais sa légende reste. Pilote d’exception dans les années 1980, puis en 1993 lors d’un retour réussi qui lui a permis de glaner un ultime sacre, Alain Prost reste un modèle et une référence pour les pilotes de Formule 1. Mais le quadruple champion du monde a vite compris que son record de 51 victoires sur le circuit serait vite dépassé par un jeune Allemand arrivé au début de la décennie suivante : Michael Schumacher.

Jeune et fougueux, « Le Baron Rouge » a très rapidement voulu se mesurer aux tous meilleurs. Et c’est sans surprise qu’il a fini par pulvériser les records de son prédécesseur français, à la fois en termes de victoires (91) et de titres de champion du monde (7). De quoi déranger Prost ? Absolument pas, d’autant que ce dernier est heureux d’avoir pu se mesurer à la sensation lors de la saison 1993.

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Alain Prost admiratif de Michael Schumacher

Dans un entretien accordé à « Automobile Magazine » en 2001, « Le Professeur » était en effet revenu sur ses quelques souvenirs de course contre « Schumi », avec beaucoup de respect et d’estime :

J’ai peu couru contre Michael : une seule saison, en 1993. Je me souviens l’avoir suivi pendant tout le Grand Prix du Portugal sans pouvoir le dépasser. Nos objectifs étaient différents : ce jour-là, il visait la victoire, moi, une deuxième place me suffisait pour remporter le titre. J’ai néanmoins réalisé que Michael était un rude client. Il poussait vraiment sa Benetton à la limite, sans guère se laisser de marge de manœuvre.



J’attendais une faute de sa part, qui n’aurait pas été surprenante, dans ces conditions, de la part d’un jeune pilote. Elle n’est jamais venue… À l’époque, je ne le jugeais pas exceptionnellement rapide. Il ne me stupéfiait pas par ses tours de qualification, par exemple. Mais il était évident, vu du cockpit, qu’avec de l’expérience et de la maturité, Michael allait devenir un très grand pilote.

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Schumacher est effectivement devenu un grand pilote, 7 fois champion du monde. Et au moment de cette interview, alors qu’il avait déjà empilé 4 sacres, l’Allemand trouvait principalement grâce aux yeux de Prost pour une raison bien précise :

La qualité majeure de Schumacher, au-delà de ses talents au volant, c’est sa faculté à faire qu’une écurie fonctionne autour de lui, à la manière d’un Senna. Il a pris un risque en quittant une écurie Benetton qui était championne du monde pour rejoindre Ferrari. Et a ramené Ferrari au sommet de la F1. C’est le challenge ultime pour un pilote : faire gagner une écurie qui ne gagne plus. Le chemin a été long. Mais jamais il n’a critiqué Ferrari. J’ai beaucoup aimé cette attitude.

En talent pur, je suis persuadé que Schumacher n’évolue pas cent coudées au-dessus des autres pilotes de F1. Mais il a su créer une situation, un environnement, un système dans lesquels il est extrêmement difficile à battre. Le mérite lui en revient : il a mis tous les atouts de son côté. Et ça, c’est ce que j’admire le plus en lui.

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D’Alain Prost à Lewis Hamilton, Michael Schumacher a concouru contre plusieurs générations de pilotes d’exception. Tous s’accordent à dire que l’Allemand était un phénomène à la fois dans son approche des courses et de son métier, ce qui lui a permis de régner sur la discipline. « Le Professeur », lui, avait compris d’emblée en 1993 qu’il avait à faire à un futur grand. Très grand, même.

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