Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Véritable phénomène des Jeux Olympiques de Paris, Léon Marchand a récolté les fruits d’un travail certes fourni en partie en France, mais également aux Etats-Unis, où le Toulousain s’entraîne de longs mois durant l’année aux côtés du réputé Bob Bowman. Et si le prodige de 22 ans se sent bien au pays de l’Oncle Sam, il est toutefois titillé par ce qui constitue le problème principal à ses yeux.
Il y a lui, et il y a les autres. En assommant les Jeux Olympiques de sa classe et de son talent, Léon Marchand a montré qu’il était bel et bien le nouveau patron de la natation mondiale. Ce niveau exceptionnel, le jeune homme le doit à sa capacité de prendre le meilleur des deux mondes à la fois en France, dans son cocon du sud-ouest, et aux Etats-Unis, aux côtés de l’illustre Bob Bowman.
Parti s’entraîner aux Etats-Unis, d’abord dans l’université d’Arizona, puis désormais dans le Texas, Marchand y a découvert une nouvelle manière de travailler, de nager, et même de vivre. Ce fut notamment vrai au niveau de la nourriture, cruciale pour n’importe quel sportif de très haut niveau visant les sommets de sa discipline.
Léon Marchand critique sur la nourriture aux Etats-Unis
Sur le sujet de son poids, évidemment déterminant pour un nageur, le Toulousain a d’abord indiqué ne pas s’astreindre à des régimes draconiens – ce qui lui convient parfaitement :
Je ne contrôle pas trop mon poids parce que par le passé, je n’ai jamais pris trop de poids. Et comme je brûle beaucoup de calories, en fait je mange ce que je veux.
En revanche, Marchand a connu quelques difficultés aux Etats-Unis, pays pas franchement réputé pour sa nourriture saine. Il a ainsi lâché :
C’est compliqué en tant que sportif. C’est même terrifiant parce que nous, c’est notre carburant. Donc si tu commences à manger des frites et un McDo avant d’aller t’entraîner, tu n’auras pas les mêmes performances que si tu manges des pâtes et du poulet. Et en fait, aux États-Unis, c’est difficile de trouver des ingrédients sains. Tout est sucré, tout est plus gras, tout est frit.
Je me rappelle que la première année, j’étais à la cantine avec les étudiants normaux, c’était hyper dur. Je n’avais pas de cuisine, rien. En fait, t’as pas trop le choix donc tu manges tes frites et ton sandwich. Mais c’est dur pour les sportifs de haut niveau.
Pour ne rien arranger, les Américains croient en la nécessité de beaucoup manger pour les nageurs professionnels. Alors là encore, il a été nécessaire de s’adapter pour le quadruple champion olympique :
Je fais 5 repas. C’est chiant parce que t’as pas faim, mais tu dois manger. On te le dit aux États-Unis quand tu arrives, et c’est pour ça que c’est tous des golgoths là-bas. En université, on te force à manger. Moi, j’ai entraînement le matin à 6h, et à 5h t’as pas envie de manger, mais je suis obligé de manger. Donc je prends des flocons d’avoine avant l’entraînement, après je m’entraîne, après je re-mange, je fais une sieste, je vais en cours, après je remange… C’est cinq fois par jour, c’est pas facile.
Léon Marchand le sait : en choisissant de travailler à la fois en France et aux Etats-Unis, il doit naviguer les différences culturelles majeures entre les deux pays. La nourriture est peut-être la plus marquante d’entre elles, et le Toulousain semble ne pas en garder que de bons souvenirs. Mais la notion de sacrifice est évidemment essentielle dans le sport de haut de niveau, et les médailles d’or empilées par le Français attestent du bien-fondé de ses choix !