Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Après avoir tout gagné en France, Didier Deschamps a fait l’audacieux pari de rejoindre l’Italie à l’été 1994. La Serie A était alors le championnat le plus coté du monde, et l’effectif majoritairement italien de la Juventus n’a pas forcément vu d’un bon oeil son arrivée. 30 ans après, Alessandro Del Piero ne s’en est d’ailleurs pas caché, et sans y mettre les formes !
S’il n’a jamais été le joueur le plus spectaculaire, Didier Deschamps a toujours été l’un des plus efficaces à son poste de milieu de terrain défensif. Et au-delà de ses qualités sur le pré, « DD » s’est imposé comme l’un des plus grands meneurs d’homme de l’histoire du football, non seulement en France mais également à l’échelle internationale. Et son palmarès, évidemment, parle pour lui.
Il n’en demeure pas moins qu’à son arrivée à la Juventus, les joueurs de la « Vieille Dame » n’ont pas été impressionnés par Deschamps. Loin de ses bases et de la réputation qu’il s’était forgée en France, le futur champion du monde 1998 n’est pas tombé sur un océan de bienveillance. Et Alessandro Del Piero ne s’en est pas caché.
Le retournement de veste de Del Piero sur Deschamps
Dans un entretien accordé à Tuttosport, la légende du club turinois n’a pas nié son scepticisme lors de l’arrivée du besogneux milieu de terrain français :
Quand il est arrivé, il ne parlait pas italien, et ne l’a pas parlé pendant un moment. Étant un garçon calme et peu expansif, nous n’avons pas eu l’occasion de trop se lier dans le vestiaire. C’était un petit garçon, et il n’était même pas très bon avec ses pieds. Donc je me suis dit : « Pourquoi l’avons-nous pris ? »
Vous l’aurez compris : Deschamps n’est pas arrivé en terrain conquis en Italie, bien loin de là. Mais comme d’habitude, dans un rôle de l’ombre et en maximisant ses qualités, le Bayonnais a réussi à faire son trou – « il possède une telle volonté de vaincre qu’il est vite devenu indispensable dans notre groupe », soulignait le regretté Gianluca Vialli.
De fait, c’est sans grande surprise que Del Piero a vite changé d’avis sur le « Francese » qui était venu prendre le contrôle du milieu de terrain turinois. Et son avis définitif sur Deschamps est aussi élogieux que son impression initiale était violente :
C’était un joueur fantastique, il s’est battu pour chaque tête même s’il était plus petit que moi. Il était très conscient de ses qualités, et les a mises à la disposition de l’équipe de la meilleure façon possible. Il savait qu’il devait s’intégrer avec Zidane et moi, des joueurs avec des qualités techniques différentes.
Il a toujours répondu aux attentes placées en lui, il était très fort en phase défensive, et n’a jamais raté un tacle. Des joueurs comme lui sont toujours prêts à vous donner un coup de main, il faisait partie de ces coéquipiers inestimables.
Convaincre alors que personne ne croit en lui ? C’est l’histoire de la carrière de Didier Deschamps. Pas forcément plus doué que la moyenne ballon au pied, « La Dèche » a compensé cela par une ribambelle d’autres qualités, allant de son leadership à sa hargne, de sa science du placement à son intelligence de jeu. De quoi forcer le respect, y compris d’Alessandro Del Piero.