Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Plusieurs noms ont marqué ces Jeux Olympiques de Paris, au point d’en devenir indissociables. Il y a évidemment Teddy Riner et Antoine Dupont, mais aussi Léon Marchand et Armand Duplantis, qui, chacun à leur manière, ont repoussé les limites de leur sport. Avec 4 mois de recul, le Suédois a d’ailleurs évoqué de lui-même le nageur, avec un constat difficile à nier…
Il était une star, il est devenu une superstar. En battant son propre record du monde dans un Stade de France incandescent durant les Jeux Olympiques de Paris, Armand Duplantis a, du haut de se 25 ans, écrit la page la plus marquante de sa légende. De fait, « Mondo » est devenu ultra-populaire dans le monde entier. Et s’il est conscient des exigences parfois démesurées que ses performances entraînent, le Suédois ne se prend pas la tête :
Ma popularité est presque étrange, anormale pour un perchiste. C’est une discipline bizarre, pas commune et complexe dans sa pratique. Les gens ne savent pas comment on fait, peu s’y sont essayés. Ils ne comprennent pas qu’il faut des conditions pour le record que je n’aurai pas plus de deux ou trois fois par an. Mais je suis en paix avec ça. J’essaierai le plus souvent possible. Au moins une tentative. Parce qu’on attend ça de moi, et qu’on ne sait jamais.
Armand Duplantis se met dans le même groupe que Léon Marchand
Conscient de ce qu’il a vécu en France, le natif de Louisiane estime que la quinzaine a tout simplement changé sa vie. Et en ce sens, il se compare à Léon Marchand, qui a peu ou prou vécu la même chose :
Je crois qu’à chaque édition des JO, il y a un petit groupe de cinq à dix champions qui réalisent une performance spéciale et qui deviennent énormes, alors que ça ne change pas vraiment la vie des autres. Je crois que j’en ai fait partie à Paris. Comme Léon Marchand, dont la vie a complètement changé.
Il faut dire que les planètes se sont totalement alignées pour Duplantis lors de ces Olympiades parisiennes. À ses yeux, il n’existe même pas de comparaison avec Tokyo, où il avait (déjà) été sacré :
Au Japon, c’était mes premiers JO, j’étais peu connu du grand public, je n’ai pas battu le record, et il y avait le Covid. Le public est irremplaçable sur un grand événement. Vous avez alors le sentiment d’appartenir à une grande communauté qui ne se soucie plus des problèmes du monde ou de leur vie et qui attendent quelque chose de spécial, qui doit venir de vous.
C’est à la fois très basique et tellement beau. Ce n’est plus la même expérience, même devant sa télé, si on ne ressent pas l’énergie du public et la connexion avec lui. À Paris, elle était dingue.
D’ailleurs, même s’il a amélioré sa marque d’un centimètre trois semaines plus tard à peine en Pologne (6,26m, ndlr) le saut le plus marquant reste de loin celui qu’il a accompli aux JO :
Mon record dans l’ambiance de Paris était de bien meilleure qualité que celui en Pologne. Parce qu’il y avait eu les qualifications avant, parce que le poids des Jeux, la longueur étirée des journées. Ça a été le plus dur de mes dix records et le plus beau. Après, j’étais mort..
Toute grande compétition sportive doit être incarnée par des visages et des instants, et nul doute que Léon Marchand comme Armand Duplantis ont coché ces cases aux JO de Paris. La bonne nouvelle, c’est qu’à leurs âges respectifs de 22 et 25 ans, les deux phénomènes ont encore le temps de nous faire rêver de longues années. Et c’est tout ce qu’on espère !