Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Si Léon Marchand est le nouveau porte-étendard de la natation française, sa réussite remet également en cause l’encadrement des nageurs dans l’Hexagone. Preuve en étant ce témoignage de deux pépites qui ont suivi son exemple en partant pour les États-Unis.
Quatre médailles d’or pour autant de records olympiques, cinq breloques au total : Léon Marchand a incontestablement été la plus grande superstar de ces Jeux de Paris. Rien ni personne n’a su arrêter le Toulousain dans sa course effrénée vers les sommets de la natation mondiale. Florent Manaudou étant proche de la retraite, c’est désormais lui qui incarne tous les espoirs de sa discipline en France.
Paradoxalement, cela fait un moment que Marchand ne réside plus dans l’Hexagone. Il est en effet parti aux États-Unis il y a quelques années afin de s’entraîner sous les ordres de Bob Bowman, d’abord à Arizona State puis à Texas à partir de cette saison. Et c’est bien l’ancien mentor de Michael Phelps qui lui a permis de franchir un cap décisif, bien plus que son club des Dauphins du TOEC. Un constat dur mais implacable.
Deux jeunes nageurs déballent sur les conditions de vie en France
Cela fait un moment que le système de formation de la natation française est pointé du doigt. On parle d’un sport ultra-exigeant voire ingrat, mais les athlètes le pratiquant ne disposent de presque aucune aide, y compris les plus jeunes qui poursuivent des études en parallèle. Double champion d’Europe junior du 200m brasse, Lucien Vergnes a imité Marchand en rejoignant Arizona State. Il s’est exprimé cash au micro de BFM TV :
Léon a ouvert la voie aux Français, on a envie de le suivre. C’est très bien organisé pour les sportifs on peut corréler les deux là où en France c’est beaucoup plus compliqué. (À Arizona State), il y a beaucoup plus de niveau. Par exemple là je m’entraîne avec des brasseurs de mon niveau, ce qui ne m’était jamais arrivé avant. Il y a plus de concurrence.
Une opinion tranchée et partagée par Lucie Vasquez, nouvelle championne de France du 200m en petit bassin et qui s’apprête d’ailleurs à rejoindre Vergnes aux Sun Devils :
Je n’ai pas du tout aimé (son année en STAPS, ndlr). On nous propose des aménagements mais pour les sportifs de haut niveau, c’est vraiment très mal fait. On nous dit qu’on peut faire nos emplois du temps comme on veut, que je pouvais aller dans les groupes de classe que je voulais avec les horaires que je voulais… Mais en fait il n’y a aucun suivi. Je n’étais dans aucune classe, je n’étais pas sur les listes et je n’existais pas pour les profs.
Je ne pouvais pas aller dans tous les cours et on me disait que je pouvais les rattraper mais en vrai c’était très compliqué. Il n’y a rien qui est fait pour. J’y vais avec une bourse à 100% donc on me paie mes études, mon logement, ma nourriture. Ma mère est toute seule et on est trois, je vivais chez ma mère et pour les études je devais un peu me débrouiller. Alors que là, déjà on me paie tout. Tout est fait pour les sportifs, tout est adapté et c’est construit en fonction du sport. Tout est fait pour que tu réussisses alors qu’ici, c’est toi qui dois t’adapter aux deux.
Léon Marchand l’a bien montré, s’exporter à l’étranger et notamment aux États-Unis s’avère souvent payant. D’autant plus que les conditions d’entraînement et de vie y sont généralement plus intéressantes qu’en France… Voilà un axe d’amélioration absolument prioritaire pour la FFN, sous peine de voir ses meilleures pépites s’en aller.