Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Tandis que l’équipe de France de rugby a entamé une tournée d’automne qui se veut être un nouveau départ, il est surtout difficile d’échapper aux questions sur la fameuse nouvelle charte de vie instaurée après un été très délicat pour le ballon ovale tricolore. William Servat, entraîneur des avants du XV de France, a d’ailleurs été questionné sur le sujet de l’alcool, et sa réponse est claire.
Le scandale Jégou-Auradou en Argentine, une noyade mortelle lors d’un stage de jeunes, et d’autres bribes de polémiques et de scandale : il est peu dire d’affirmer que le rugby français a vécu un été compliqué. De fait, la FFR a décidé d’instaurer une nouvelle charte s’appliquant aux joueurs de l’équipe de France, en tapant notamment fort sur la consommation d’alcool. Il a ainsi été stipulé :
La FFR recommande de veiller à développer la cohésion d’équipe sans soirées alcoolisées, d’interdire aux staffs et aux joueurs et joueuses de l’équipe de France la consommation d’alcool dans certaines circonstances comme les lieux de performance, d’interdire au sein des équipes nationales l’ensemble des divertissements basés sur la consommation d’alcool, et d’organiser les soirées de fin de compétition dans des lieux privatisés qui bénéficieront d’une sécurisation adaptée.
William Servet évoque l’épineux sujet de l’alcool en équipe de France
Quelques jours après la victoire des hommes de Fabien Galthié devant le Japon (52-12), et à quelques jours d’affronter la Nouvelle-Zélande, William Servat a profité d’une interview accordée au Figaro pour mettre les choses au point. Pour « La Bûche », comme il était surnommé durant sa carrière, cette charte est davantage un coup médiatique qu’un réel changement quotidien pour les joueurs :
Ça a fait beaucoup de bruit mais ça n’a rien changé sur notre manière de vivre. Nos joueurs ne sont pas alcooliques et ne boivent pas en cachette. Ils ne boivent pas tous les jours de l’alcool, cachés dans leur chambre ou à table avant nos entraînements. Et ça n’a jamais été le cas.
Donc, aujourd’hui, il n’y a pas eu de changement. Simplement, quand on représente l’équipe de France, on a des droits mais surtout des devoirs. Nous en sommes tous conscients. On a ce devoir de représentativité.
Servat a ensuite été invité à répondre sur l’arrivée des bières sans alcool dans le vestiaire des Bleus après la victoire face au Japon, dans une application directe de ces nouvelles règles. Et à qui sait lire entre les lignes, il est clair que le quadragénaire n’est pas spécialement fan de la démarche :
Je n’en ai pas bu. La bière sans alcool, ce serait une forme de palliatif pour les alcooliques et j’ai la chance de ne pas en être un (rires)… Après sur l’après-match honnêtement, effectivement, il y a eu des changements oui. Il appartient après à tout le monde d’avoir son avis là-dessus. Mais le monde évolue et c’était normal que tout évolue.
Au-delà de ce sujet presque anecdotique à ses yeux, l’entraîneur des avants veut surtout se concentrer sur la choc qui arrive face aux All Blacks. Car tout est possible face à la nation-reine du ballon ovale :
C’est une belle opportunité, même si ce sera aussi très difficile. Le XV de France a conscience qu’un match contre les All Blacks ne se prépare pas à la légère. On a l’opportunité de gagner mais aussi d’en prendre cinquante. Je l’ai vécu et, dans ce cas-là, tu vois tout en noir, pas que leurs maillots… Cette opposition doit nous permettre de nous transcender.
William Servat a tenu à mettre les choses au clair : si les troisièmes mi-temps vont certes être tempérées à la lumière de la nouvelle charte, les joueurs de l’équipe de France sont loin d’être des consommateurs quotidiens ou des alcooliques. Ils sont avant tout des athlètes de haut niveau, ce qu’on leur demande en priorité, et ils entendent bien en faire la démonstration face à la Nouvelle-Zélande.