Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Médaillée d’or aux JO de Londres en 2012, Camille Muffat avait perdu la vie dans un accident d’hélicoptère en mars 2015. Alain Bernard, qui l’a côtoyé en Équipe de France, faisait aussi partie du casting de l’émission Dropped ce jour-là… Près d’une décennie après l’incident, l’ancien nageur est revenu sur ces instants qui l’ont traumatisé à vie.
Camille Muffat, Alexis Vastine, Florence Arthaud. Personne n’a oublié les noms des athlètes décédés le 9 mars 2015 dans un accident d’hélicoptère, en plein tournage de l’émission Dropped de TF1. Alain Bernard s’en souvient non seulement car il fut le coéquipier de la première citée en Équipe de France, mais parce qu’il participait également au show télévisé. Il est revenu sur le drame sur le plateau de C8, récemment :
Il y a deux équipes qui sont constituées. Sur la première rotation, on a pris les hélicoptères, on a été lâchés à un endroit. Les hélicoptères prennent ensuite la deuxième équipe pour les lâcher au même endroit. C’est sur cette deuxième phase d’émission où il y a eu l’accident. Il y a un hélicoptère où il y a les sportifs dedans, et un autre où il y a les cadreurs.
La journée a été repoussée pour des raisons de sécurité à cause de la météo. Une fois qu’ils ont vu que les conditions climatiques étaient réunies, ils ont décidé de nous faire partir. C’est sur cette première vague de départ que les deux hélicoptères se sont percutés. Nous, on est à quelques centaines de mètres. On ne voit pas l’accident de nos propres yeux. On voit les hélicoptères partir. On arrive et c’est le drame.
Alain Bernard en colère après la mort de Camille Mufat
Retraitée depuis quelques mois après avoir été championne olympique à Londres, la perte de Muffat ainsi que de ses collègues a donc longtemps hanté l’ancien roi du 100m nage libre. Il ne cachait pas qu’il avait dû faire avec le syndrome du survivant :
C’est juste horrible. On ne souhaite ça à personne. Quand tu rallumes ton téléphone après cette journée d’horreur, tu te dis que tu n’es pas passé loin. Pourquoi eux, pourquoi pas moi ? C’est être au mauvais endroit au mauvais moment.
Dix ans après les faits, le procès de l’accident devrait avoir lieu au printemps 2025. Une procédure que Bernard suivra certainement de près, lui qui conserve également encore de la colère vis-à-vis des circonstances. Il n’a d’ailleurs pas hésité à pointer certaines personnes du doigt dans cette affaire, après avoir gardé un temps le silence sur le sujet :
Je sais que quand on est dans un véhicule, on doit être maître de son véhicule, que ce soit une trottinette, une moto, un hélicoptère, un avion… Là, il y a eu un vrai manquement entre les deux pilotes qui étaient un coup devant, un coup derrière. En aéronautique, ça ne pardonne pas. L’autre pensait qu’il était derrière lui à gauche, il engage un virage à droite et en fait, il était derrière lui.
Je me suis rarement exprimé là-dessus, parce que pour moi, ça reste les pilotes d’hélicoptères qui sont responsables et ils ne sont plus là pour se défendre.
Alain Bernard reste hanté par le décès de Camille Muffat, d’autant qu’il a bien failli perdre lui-même la vie en ce funeste 9 mars 2015. Ne lui reste plus que le traumatisme ainsi que de la colère, notamment envers les pilotes qu’il accuse de faute grave.