Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si le monde entier a vu le coup de tête de Zinédine Zidane à Marco Materazzi à la télévision, aucune caméra n’était présente lors du retour des Français, vaincus, dans leur vestiaire. Certains d’entre eux ont toutefois accepté de dire ce qu’il s’y était passé, dont William Gallas, qui a pris la parole bien des années plus tard pour évoquer Zizou.
C’est l’histoire de deux coups de tête en prolongation. L’un, dans le ballon, sorti miraculeusement par Gianluigi Buffon, et qui prive la France d’une autre coupe du monde. L’autre, dans le torse de Marco Materazzi, qui a précipité la fin cauchemardesque de la carrière de Zinédine Zidane, et dont les Bleus ne se sont jamais relevés, vaincus aux tirs au but.
Le retour aux vestiaires des Bleus en 2006 après la terrible défaite
Une fois la médaille d’argent amère reçue lors du protocole, l’heure est venue pour les Français de rentrer dans le sanctuaire du vestiaire, pour y retrouver, notamment, Zidane lui-même. Dans un entretien accordé à « France Football », Jean-Alain Boumsong a livré quelques informations sur l’envers du décor dans ce moment particulièrement lourd :
Quand on arrive dans le vestiaire, on prend nos téléphones et on nous dit ce qu’il s’est passé parce qu’on ne sait pas vraiment ce que Zizou a fait. Lui est là, il est profondément abattu. Le président Chirac descend nous voir et tient un discours assez cool. Il nous fait part de sa fierté pour le parcours que l’on a réalisé. Et puis il y a les excuses de Zizou pour avoir un petit peu lâché ses partenaires par ce geste stupide. Il demande pardon à tout le monde. Raymond Domenech aussi prend la parole.
Les excuses du numéro 10 ont été appréciées par l’ensemble du vestiaire, et notamment par William Gallas. Avec du recul, ce dernier a ainsi déclaré :
On a trouvé ça très humble de sa part, mais c’est à l’image de la personne. C’était son dernier match en sélection, il ne faut pas oublier non plus qu’il avait une pression énorme sur les épaules.
Même son de cloche chez Willy Sagnol, partenaire de défense de Gallas durant la compétition. Contrairement à leur acolyte Lilian Thuram, qui avait publiqué critiqué Zidane en le mettant face à ses responsabilités et ses agissements, le Stéphanois de naissance n’avait pas pu en vouloir bien longtemps au maestro :
Comment je vais aller lui dire que j’ai les boules contre lui, contre Zizou ? Comment je pouvais aller lui dire ça ? C’est humain (de lui en vouloir). Mais Zizou était déjà tellement au trente-sixième dessous… Et puis, même, tu n’es pas trop bête non plus, donc tu vas te souvenir de certaines choses : son match contre le Brésil en quart de finale, son retour un an avant le Mondial sans lequel on n’y allait pas…
En vouloir à Zinédine Zidane pour son craquage qui a fait basculer la finale, ou plutôt retenir que la France n’aurait pas atteint cette même finale sans lui ? Tel est le dilemme que les membres de l’équipe de France 2006 se sont posés, avec des visions parfois diamétralement opposées. William Gallas, lui, refuse de jeter la pierre.