Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Milieu de terrain parmi les plus réputés et les plus craints de son époque, Patrick Vieira n’a connu que deux autres pays dans sa carrière – hormis la France : l’Angleterre et l’Italie. Il y a quelques années, il avait d’ailleurs évoqué son passage dans la Botte, avec le choc des cultures qu’il a rencontré d’emblée...
Passé par Cannes à ses débuts, comme un certain Zinédine Zidane, Patrick Vieira a vite été tenté par une expérience à l’étranger. C’est donc à seulement 18 ans qu’il a fait le grand saut vers l’Italie, alors le championnat le plus côté du monde, en rejoignant l’illustre Milan de Paolo Maldini et consorts. Il se murmure que ce faisant, son salaire est passé de 3.000 francs… à 300.000 francs.
Les confidences de Patrick Vieira sur son passage en Italie
Tout cela n’a certes pas trop désarçonné le patron de l’entrejeu, déjà très mature pour son âge. En revanche, cette année n’a pas de tout repos en termes d’adaptation. En effet, et contrairement à un certain Marcel Desailly lors de son arrivée dans le même club, Vieira n’a pas été conquis par le jeu italien. À « L’Humanité », il déclarait en 1998 :
C’était galère. Je ne pense pas avoir pris de plaisir en Italie. On entend toujours : « Tu joues là, tu restes à ta position ». On ne te demande pas plus, pas moins. En Italie, c’est le résultat qui compte, la gagne, même s’ils ont été bidons pendant le match.
En termes de professionnalisme, en revanche, le natif de Dakar a été subjugué. Il a d’ailleurs livré une anecdote saisissante dans le podcast « Stick to Football » récemment :
En arrivant à Arsenal (après son passage à Milan, ndlr), j’ai vraiment été frappé par le manque de professionnalisme (rires). Je venais de Milan, et là-bas des joueurs arrivaient une heure ou deux avant le début de l’entraînement, bien habillés…
Costacurta venait tous les jours à l’entraînement en costard-cravate. Les joueurs mangeaient ensuite au centre d’entraînement, et certains restaient y dormir avant de rentrer chez eux.
Avec le recul, Vieira a appris à apprécier son expérience italienne, et il ne cache pas avoir « incorporé à 100% ce qu’il a appris » lors de ses années de gloire à Arsenal. Et c’est tout sauf un hasard s’il a ensuite joué à la Juventus pour la saison 2005-2006, avant de passer 4 ans du côté de l’Inter Milan, où il a été quadruple champion d’Italie.
Aujourd’hui, le colosse d’1m92 revendique cet héritage, et il ne serait pas surprenant de le voir poursuivre un joueur sa carrière d’entraîneur du côté du pays qui lui a conféré sa rigueur tactique et son professionnalisme exacerbé.
Il n’était pas simple de faire le grand saut de la France vers l’Italie à 18 ans, qui plus est pour un joueur d’origine africaine dans un championnat parfois miné par le racisme, mais Patrick Vieira a relevé le défi. Et si ce n’est que quelques années plus tard qu’il a réellement mesuré l’ampleur de ce qu’il avait appris en Serie A, il en reste aujourd’hui un fan et un défenseur assidu.