Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Véritable globe-trotter, Hervé Renard s’est bâti un sacré CV d’entraîneur au fil des années. L’une de ses expériences les plus marquantes s’est déroulée au Maroc, où le Savoyard est resté 3 ans avec une succès mitigé. Il faut dire que ce poste s’accompagnait de quelques spécificités au quotidien, qu’il n’a toutefois pas cherché à éluder.
De retour à la tête de l’Arabie Saoudite après une expérience qu’on peut qualifier de ratée à la tête de l’équipe de France féminine, Hervé Renard est retourné à ce qu’il préfère finalement par-dessus tout : coacher des équipes dites « petites », loin des grands favoris. Et en terre saoudienne, le Français sait de toute façon qu’il est une légende vivante, lui qui a réussi à battre l’Argentine au mondial 2018.
Avant cela, Renard a roulé sa bosse dans de nombreux pays, et notamment au Maroc. Contrairement à d’autres nations ou clubs par lesquels il est passé, le quinquagénaire a dû composer avec une immense ferveur populaire, et, donc une grosse pression. Et si son aventure s’est achevée avec un échec lors de la CAN 2019, Renard reste marqué par ces trois années.
Hervé Renard évoque ses expériences au Maroc et en Afrique
Interrogé par « Le Figaro » alors qu’il était justement aux manettes de la sélection marocaine, Renard n’avait en effet pas caché la grande pression qui découlait de la passion du peuple marocain pour le football au quotidien :
Il y a une pression folle. C’est difficile pour moi de sortir dans les rues, car les gens te sollicitent, te parlent de foot, des joueurs, des attentes du pays. Je ne peux pas vivre une vie normale. C’est mieux que de recevoir des cailloux. Il faut donc vivre avec et s’adapter.
S’adapter, c’est d’autant plus nécessaire pour le tacticien que les changements d’équipe sont légion pour lui. En plus du Maroc, et rien qu’en Afrique, Renard a par exemple coaché la Côte d’Ivoire, la Zambie, le Ghana ou encore l’Angola. Grand amoureux de ce continent, il ne nie d’ailleurs pas que sa vie en a été bouleversée :
Je ne suis plus le même. Ça a changé l’homme que j’étais à travers des rencontres, des cultures différentes. L’Afrique a totalement changé ma vie. Mon regard sur la vie, ma façon d’être. Quand on parcourt l’Afrique, on se rend compte de tellement de choses et, surtout, de notre chance. Le Maroc, ce n’est pas la même chose que la Zambie. Même si c’est sur le même continent, c’est différent. J’ai vu des gens se contenter de peu et être heureux.
En France, on a beaucoup et on est malgré tout jamais totalement satisfait. En Afrique, tu as une liberté de vie qu’il n’y a pas en Europe. Ici, tu as plus l’impression de pouvoir t’amuser, de profiter, alors qu’en France et en Europe j’ai l’impression que tout est plus régulé, restrictif, voire interdit. Il faut des règles, mais pas trop non plus car ça peut tuer la liberté. Il faut trouver ce juste milieu. Être libre, c’est fabuleux.
Marqué par son passage au Maroc, en dépit d’une fin en queue de poisson, Hervé Renard se souvient surtout de l’immense ferveur autour du football au pays des Lions de l’Atlas. Souvent en une des magazines de l’époque, le Français s’est accommodé au mieux de cette situation, qui devrait nettement moins se produire du côté de l’Arabie Saoudite, moins passionnée de foot.