Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
S’il affichait déjà un excellent niveau depuis plusieurs années, les performances de Léon Marchand aux Jeux Olympiques ont mis un coup de projecteur encore plus prononcé sur le jeune nageur. Parfois jugé trop dominant, comme Michael Phelps en son temps, le tricolore doit faire face au scepticisme de certains. Mais son secret se situe en fait directement dans le bassin.
Il est si fort, presque trop, que certains ont commencé à l’affubler d’accusations de dopage. Bien vite démentis par son camp, ces ragots prennent toutefois une certaine ampleur, alors que l’explication est toute autre. Au-delà du fait que les chronos du Toulousain restent humains, au contraire, par exemple, de celui de Pan Zhanle aux JO (il avait amélioré le record du monde du 100m de 40 centièmes, ndlr), Marchand mise sur sa botte secrète : la coulée.
Léon Marchand, roi mondial de la coulée
Dans un article très intéressant de L’Équipe, Marchand évoque en longueur son arme fatale. Inébranlable à chaque virage, le Français ressort très régulièrement devant ses adversaires, ne manquant pas de leur saper le moral de manière parfois irrémédiable. Mais comment fait-il ? Il l’explique lui-même :
Je ne pense pas avoir les meilleures coulées en termes de vitesse pure. Je pense que certains sprinteurs seraient plus rapides que moi sur une coulée de 15 mètres. En revanche, je vais pouvoir les répéter sur de longues distances, ce qui est assez rare. Tous les jours, je les bosse à l’entraînement. De manière instinctive, sans même y réfléchir.
Je me concentre sur mes sept ondulations, que ce soit en petit ou grand bain, sur 4.000 ou 8.000 mètres. Et même quand les séries sont très difficiles. Je préfère me concentrer sur les coulées que sur autre chose.
J »ai toujours eu cette envie de pousser aussi très profond pour éviter les vagues, mais aussi pour répondre à la poussée d’Archimède, tout simplement. Je ne fais pas mes mouvements d’ondulations vers le haut, je vais toujours tout droit, mais la poussée me permet de remonter. On peut sacrément jouer avec ça. On le ressent encore plus dans les coulées de brasse.
Même si ça fait vraiment mal au niveau des poumons et des jambes. Mais quand on constate l’avance prise grâce à ça, c’est assez sympa !
Ces explications particulièrement intéressantes sont d’autant plus surprenantes qu’à l’heure où le sport repose de plus en plus sur la technologie, parfois à l’outrance, Marchand choisit plutôt de se fier à son instinct :
Je n’ai jamais vraiment utilisé la vidéo. Ou plus jeune, quand il y avait des choses à voir, pour les corriger. Maintenant, c’est plus intime, de l’ordre du ressenti. Et je pense que ça marche bien en natation quand on réussit à s’écouter, à comprendre son propre fonctionnement. J’aime bien travailler sur ma perception de la densité de l’eau.
Souvent, je suis trop sous l’eau, ou trop à la surface, c’est quelque chose que je peux vachement améliorer. Mais, parfois, je ferme les yeux, je sens vraiment la pression de l’eau, et j’arrive alors à bien juger et régler le timing pour ma reprise de nage.
Cérébral en plus de disposer d’un physique et d’une génétique d’exception, Léon Marchand est probablement ce qui se rapproche le plus du nageur parfait actuellement. Ce cocktail détonnant, agrémenté de sa maîtrise impressionnante de la coulée, en fait effectivement l’homme à abattre dans la nation mondiale du moment. En espérant que les records continuent de tomber, et les victoires de s’empiler !