Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si le public français l’avait laissé tout sourire après avoir glané deux médailles de bronze, Florent Manaudou a traversé des semaines bien délicates depuis. En proie au doute et à la tristesse, il a rompu son silence dans un entretien accordé à L’Équipe. Et il y évoque notamment l’éclosion de Léon Marchand, qui pourrait bien l’influencer dans une grosse décision…
Le blues post-olympique est une réalité prouvée, et pour Florent Manaudou, il est violent. Quelques semaines après avoir été porte-drapeau, double médaillé de bronze, et évidemment chouchou du public comme à son habitude, le Villeurbannais s’est retiré des championnats de France et des Mondiaux auxquels il devait participer. Une décision motivée par un spleen pesant, qu’il a confié à L’Équipe :
C’est compliqué de se motiver quand il n’y a pas de carotte et avec toutes les émotions à assimiler. La carotte de Paris 2024 était très belle, c’était facile. C’est dur de dire ça mais un Championnat du monde en petit bassin où je sais que je ne nagerai pas vite et dans un environnement où pendant une semaine, c’est natation, natation, natation, je ne suis pas sûr que ça me fasse du bien mentalement…
C’est très compliqué émotionnellement depuis la fin des Jeux. Il y a eu le gros down quand je suis rentré à la maison. Le vide est encore plus violent qu’après Londres. Les JO étaient exceptionnels, très fort émotionnellement, mais les choses sont belles parce qu’elles sont éphémères. On me remet dedans à chaque fois.
Avec l’effet JO à la maison, il y a beaucoup plus de monde qui me reconnaissait, me remerciait, me félicitait. Quand on n’est pas forcément bien, fatigué émotionnellement, ce n’est pas très facile à vivre. Je me suis rarement senti aussi isolé alors que, pourtant, il y a beaucoup de gens autour de moi. Je me sens un peu seul, mais j’en ai aussi besoin. Il faut que je sente mes propres émotions.
Florent Manaudou soulagé de l’émergence de Léon Marchand
Pas certain de vouloir continuer sa carrière – sa réflexion est si sérieuse que ça -, Manaudou s’interroge profondément sur son avenir. Et quand le journaliste lui fait remarquer qu’il « parle » comme un ex-nageur, le Français sourit et admet :
Je suis en train de faire la transition, et je n’ai pas envie qu’elle soit brutale. Pendant des années, je voulais des compétitions en France. On en a eu une, on en a une autre deux ans après. J’ai envie de partager ça avec le public français. C’est agréable de donner de l’émotion aux gens. J’ai eu l’impression pendant huit ans de devoir avoir des résultats. Maintenant il y en a d’autres.
Parmi ces autres, il y a bien évidemment Léon Marchand, roi des JO de Paris. Et c’est d’ailleurs avec un certain soulagement que Manaudou, qui portait le poids de l’attente de tout un pays en termes de résultat, voit le Toulousain briller :
Léon est là, je suis très content (sourire). C’était souvent : « On attend que Flo nage pour avoir peut-être des médailles ». J’étais un peu la tête d’affiche de l’équipe de France 2016, 2020, et j’ai un peu l’impression d’avoir passé le flambeau à Léon, qui le prend bien. Je suis content d’être un peu en retrait. J’ai envie de voir de l’extérieur les gens s’extasier devant les courses de Léon, Maxime Grousset, Yohann Ndoye Brouard, Anastasia Kirpichnikova…
Très impacté par l’ascenseur émotionnel consécutif aux Jeux Olympiques, Florent Manaudou réfléchit à son avenir dans les bassins et en dehors. En tout cas, Léon Marchand pourrait bien rendre sa tâche plus facile, puisque le flambeau de la natation française a bel et bien été passé au phénomène. Et de quelle manière…