Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Critiqué à tort et à travers en NBA, Rudy Gobert dispose paradoxalement d’un palmarès individuel colossal. Lucide sur sa situation, le pivot français a récemment évoqué ses quatre trophées de Défenseur de l’Année avec une mise au point brutale.
Difficile de trouver un cas plus clivant à l’heure actuelle que celui de Rudy Gobert aux États-Unis. Sur le papier, rien ne semble pourtant jouer en sa défaveur puisqu’on parle là d’un quadruple Défenseur de l’Année. C’est simple, il est le seul joueur à y être parvenu dans l’histoire à l’exception de Ben Wallace et le regretté Dikembe Mutombo.
Cela étant dit, le trophée Hakeem Olajuwon n’est pas le seul à garnir l’armoire à récompenses du natif de Saint-Quentin. Pour rappel, Gobert cumule pas moins de sept nominations dans les All-Defensive Teams de la NBA et a terminé meilleure rebondeur de la ligue en 2021-22, ainsi que meilleur contreur quelques années plus tôt. C’est donc très solide… et pourtant, les critiques à son égard n’ont jamais été aussi virulentes.
Rudy Gobert cash sur son palmarès en NBA
Plus récemment, le gros tacle d’Anthony Davis à son égard l’a bien illustré : les pairs du Français estiment qu’il ne mérite pas son palmarès XXL. Un constat partagé d’ailleurs par de nombreux fans, qui profitent de l’avènement de son compatriote Victor Wembanyama pour l’enfoncer un peu plus. Interrogé par le célèbre média The Athletic récemment, l’ancien joueur du Jazz s’est donc montré assez lucide sur sa situation :
Ma réputation, ce n’est pas quelque chose que j’ai gagné en un seul match. C’est quelque chose qui se produit au cours de la saison. La constance est ennuyeuse. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles certaines personnes ont du mal à comprendre ce que je fais.
Difficile de contredire Gobzilla sur ce coup. Le fait est que s’il n’est pas aussi flashy que AD ou Wembanyama, il demeure la clé de voûte d’une défense des Wolves qui fut tout simplement la meilleure du pays la saison dernière, en grande partie grâce à lui.
D’ailleurs, s’il ne contre pas autant que Wemby par exemple, The Stifle Tower reste à ce jour l’un des meilleurs totems de la planète sous le cercle. Il n’est certes pas à son avantage question mobilité, mais il demeure très efficace dans ce qu’il fait, même si cela ne se transpose pas toujours dans les statistiques. À ce sujet, la star de Minneapolis émet donc un jugement aussi dur que réaliste sur son palmarès individuel :
Les gens adorent discréditer ces trophées. Mais il faut se poser la question : « Rudy Gobert, qui a joué pour le Utah Jazz et les Timberwolves, est-il vraiment si excitant ? » Les gens sont-ils vraiment enthousiastes à l’idée de voter pour moi, ou s’agit-il simplement de personnes qui regardent du basket du matin au soir (…) et qui essaient de voter en fonction de l’impact ? Si c’était basé sur l’excitation que procure un joueur, je ne pense pas que j’aurais le moindre DPOY.
Rudy Gobert en est conscient, il n’est pas le basketteur le plus excitant qui soit y compris en défense, son domaine de prédilection. Un détail qui dérange dans une NBA toujours plus axée sur le show… mais qui ne perturbe pas encore trop les votes du DPOY. Heureusement d’ailleurs, car le big man est loin d’avoir volé ses récompenses.