Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Avec 91 médailles gagnées dont 40 en or, les Chinois ont encore une fois fait forte impression durant ces Jeux Olympiques 2024. Mais les athlètes, tous très disciplinés et loin des folies qui peuvent se dérouler dans le village olympique, ont surtout dû s’en tenir à une règle bien précise. Venue directement du sommet de leur État.
Ils espéraient évidemment trôner au sommet du classement des médailles, mais ils n’ont rien pu faire. Loin des 126 breloques ramenées par les Américains au pays de l’Oncle Sam, les Chinois ont dû se contenter d’une très belle 2ème place. Pour le plus grand des pays asiatiques, les Jeux Olympiques sont aussi et surtout un moyen de briller à l’international, et, de fait, l’État reste très attentif. Tout en contrôle.
Les athlètes chinois interdits de parler aux médias occidentaux
Les plus attentifs ne s’y seront pas trompés : si vous avez vu les Américains, Australiens, Anglais, Brésiliens et consorts donner de nombreuses interviews à des médias divers et variés durant les Jeux Olympiques, les Chinois, eux, sont très largement restés muets. Pourquoi ? Parce qu’ils en étaient interdits.
Alors que le média RFA tentait d’interroger une athlète chinoise en marge de la cérémonie d’ouverture, celle-ci, embarrassée, a rapidement décliné :
Il faut une approbation antérieure de notre délégation.
Même son de cloche du côté d’une gymnaste chinoise, qui a été encore plus claire :
On ne peut parler qu’à la CCTV.
La CCTV, c’est la télévision d’État chinoise, et la règle tacite était bien établie : toute organisation étrangère sollicitant une interview serait retoquée fissa. Deux raisons expliquent cette décision, à commencer, d’abord, par le certain contrôle que souhaite évidemment exercer l’Etat chinois. Mais les officiels de la délégation auraient aussi été échaudés par un épisode bien précis.
Après des bruits de couloir affirmant que l’équipe chinoise aurait fait installer sa propre climatisation dans ses quartiers, le secrétaire général de la délégation avait tenu une conférence de presse musclée, dans laquelle il démentait ces informations.
Ces allégations sont fausses. Nos athlètes ne sont pas des fragiles, ils peuvent gérer différents types d’inconfort.
Suite à cela, le fossé entre la Chine et les médias occidentaux n’a fait que se renforcer, conduisant à cette décision d’interdire les athlètes chinois de donner des interviews sans autorisation à quiconque d’autre la CCTV.
Si les Jeux Olympiques sont souvent synonyme de rassemblement et de mélange des cultures, les Chinois ont très largement choisi de vivre l’expérience parisienne dans un certain entre-soi, teinté de méfiance vis-à-vis des médias occidentaux. La preuve, si besoin était, que les JO ne suffisent malheureusement à tout faire oublier des enjeux géopolitiques.