Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Victime d’une blessure à quelques jours des Jeux Olympiques de Paris, Kevin Mayer a été contraint de déclarer forfait. Près de trois mois après, il s’est exprimé dans L’Équipe sur cette terrible désillusion, mais aussi sur les critiques qu’il a pu recevoir.
Cela faisait des années qu’il considérait cet événement comme son principal objectif. La déception n’en fut dès lors que plus grande pour Kevin Mayer, incapable de tenir son rang lors des Jeux Olympiques de Paris à cause d’une blessure aux ischio-jambiers gauches. Un coup dur forcément difficile à accepter et digérer dans un premier temps, sur lequel il a accepté de revenir dans les colonnes de L’Équipe.
Kevin Mayer : Le plus difficile, ç’a été l’ascenseur émotionnel entre le moment où tout allait bien, après les Championnats d’Europe de Rome (mi-juin), où j’étais en train d’exploser à l’entraînement, et le moment où le tendon pète, pendant le 110 m haies du meeting de Paris (le 7 juillet), avec beaucoup d’incompréhension et de colère. Il a fallu rebondir le plus vite possible.
Ça m’a permis de faire le deuil très rapidement et en même temps de commencer une rééducation pour que ce soit le moins handicapant possible. Et au final, je n’ai eu aucun regret.
Rapidement remis mentalement, le décathlonien français a dès lors tenu à suivre le déroulé de son épreuve de cœur au Stade de France… non sans une pointe d’amertume :
Kevin Mayer : C’est hallucinant comment un déca passe plus vite quand tu es spectateur. J’avais des scénarios dans ma tête (pour le podium), et je ne me suis pas beaucoup trompé. (…) Ç’a été dur à vivre parce que je n’avais qu’une envie, c’était de m’exprimer sur la piste. J’aurais aimé voir quelle réaction aurait eue mon corps à ce genre d’expérience. C’est mon plus gros regret.
Kevin Mayer sans détour sur sa « réputation »
Attristé de ne pas avoir pu se jauger lors des JO, Mayer connait cependant suffisamment bien son corps et ses réactions, sur lesquelles il s’exprime souvent. Cela lui vaut d’ailleurs parfois quelques critiques auxquelles il a réagi :
Kevin Mayer : J’ai une réputation, on dit que je m’écoute trop. Je pense que je donne des explications qui sont parfois trop poussées et les gens n’en retiennent que 5 %, et ce ne sont jamais les bons 5 %. Après, c’est un choix parce que je sais que les passionnés aiment ça et je préfère en donner plus aux passionnés et parfois être critiqué par les gens qui regardent une minute d’athlé par an.
Autant dire que les détracteurs du double champion du monde tricolore en ont pris pour leur grade.
La déception de son forfait pour les Jeux Olympiques de Paris atténuée, Kevin Mayer a répondu à ceux qui l’accusent de trop écouter son corps. Et selon lui, ces critiques ne seraient pas l’œuvre de véritables fans d’athlétisme, à qui il préfère s’adresser.