Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Ancienne icône de l’athlétisme français, Ladji Doucouré a pour la première fois vécu les Jeux Olympiques en tant qu’entraîneur à Paris. Avant d’y prendre part dans ce nouveau rôle, l’expert du 110 m haies s’est fendu d’un constat honnête sur l’événement.
Champion du monde à deux reprises, il espérait que son poulain Sasha Zhoya rencontrerait autant de succès lors des Jeux Olympiques de Paris. Entraîneur de la pépite française du 110 m haies, Ladji Doucouré avouait cependant en avril dernier à GQ ne pas appréhender avec autant d’excitation cette épreuve qu’en tant qu’athlète :
Ladji Doucouré : Oui et non. Oui dans le sens où c’est une première pour moi en tant que coach, donc ce n’est que de la découverte.
Et je dis non aussi parce que ce n’est pas moi qui cours, mais je connais l’enjeu. Et cet enjeu, il ne faut pas qu’il ne me stresse parce qu’aujourd’hui je suis de l’autre côté et je dois toujours garder un ou deux coups d’avance sur l’athlète. Pour le protéger mais aussi être sûr de toujours le guider dans le bon sens. S’il se met à paniquer, je connais ce sentiment. Je l’ai déjà vécu.
Ladji Doucouré cash sur le bashing anti-Paris 2024
Participant d’une manière inédite aux JO, Doucouré n’avait en tout cas pas échappé aux critiques qui visaient l’organisation de la compétition. Un phénomène habituel et qui n’avait pas vraiment lieu d’être selon lui :
Ladji Doucouré : Vous savez, j’ai déjà eu la chance de les vivre. Je n’ai pas fait ceux de Sydney en 2000 parce que j’étais trop jeune mais j’ai quand même failli les faire. J’ai fait ceux d’Athènes, de Pékin et de Londres. Rio, je les ai regardés de l’extérieur. Et il y a toujours eu des soucis aux Jeux.
À Athènes il y a eu des grèves, à Pékin, ils ont voulu en faire mais c’est compliqué en Chine. À Londres, ils ont augmenté les prix des péages. Les gens ne pouvaient pas rentrer en ville parce que Boris Johnson avait fait des choix fous ! Rio, c’était la même chose, ils demandaient aux gens des favelas de rester chez eux et aux touristes de ne pas se déplacer s’ils ne venaient pas pour les Jeux. Pourquoi Paris ferait exception ?
Et puis pour nous, quoi qu’il se passe, on a la tête dans le guidon, on ne pense qu’à la course. Malheureusement, ça a toujours été compliqué. Qu’il y ait grève, que le ticket de métro passe à quatre euros… Pour nous, c’est la course et rien d’autre. Les Jeux Olympiques, c’est un aboutissement. C’est le plus grand événement mondial, ça apporte tellement de choses, de bonnes ondes.
Forcément, ça amène des couacs et des gens qui ne sont pas contents. Mais pour moi, ça reste une chance énorme d’accueillir les JO. C’est ce que je veux retenir. Pendant 2 semaines, 15 millions de personnes vont se rendre en France. Sans compter celles qui vont venir sans ticket, juste pour voir. Beaucoup vont aussi pouvoir travailler grâce à ça. On ne peut pas se plaindre. En plus, les terrasses vont être blindées !
Témoin des commentaires réprobateurs qui pouvaient être formulés au sujet des Jeux Olympiques de Paris, Ladji Doucouré n’avait pas de quoi se montrer surpris. Il affirmait en effet avoir observé ce phénomène à chacune des éditions auxquelles il a pris part.