Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Titulaire d’une très bonne image dans l’Hexagone et auprès des joueurs tricolores, Roger Federer n’a pourtant pas toujours mâché ses mots à l’égard du tennis français. Il y a quelques années, il fustigeait ainsi l’une de ses caractéristiques selon lui néfaste.
De manière assez notable, seulement 3 des 103 titres qu’il a remportés dans sa carrière en simple l’ont été en France. N’allez cependant pas croire que les courts de l’Hexagone portaient la poisse à Roger Federer. À vrai dire, c’est plutôt Rafael Nadal qui l’a empêché d’y connaître davantage de succès, sachant que les quatre finales disputées par les deux hommes à Roland-Garros ont été gagnées son rival historique.
Malgré cela, le Suisse a toujours joui d’une très bonne cote auprès du public tricolore. Il s’est également montré très en réussite face aux joueurs français, qu’il a régulièrement croisés sur le circuit ATP avant de prendre sa retraite en 2022. Cela dit, il ne s’est pas toujours montré très tendre envers eux dans ses déclarations médiatiques, même lorsque la situation ne l’imposait pas forcément.
Les attaques répétées de Roger Federer sur le tennis français
En octobre 2017, tandis qu’il disputait le Masters 1000 de Shanghai, Federer a été interrogé sur le grand espoir Yibing Wu, tout juste sacré à l’US Open junior, et sur la pression qui pouvait l’entourer en Chine. Sa réponse s’était alors voulu fracassante pour le tennis français :
Roger Federer : Je ne sais pas comment se comporte la presse ici. C’est cette question qu’il faut se poser selon moi.
Vous devriez plutôt vous demander comment est la presse vis-à-vis des sportifs du pays, si elle les laisse travailler ou si elle en fait des stars trop vite comme cela arrive dans certains pays. Par exemple, en France, je pense qu’ils voient leurs joueurs trop grands trop vite. Et ils deviennent un peu, je ne dirais pas « gâtés », mais un peu trop satisfaits trop tôt au lieu de finir de se développer et de passer toutes les étapes.
Difficile de déterminer avec exactitude à quels joueurs Roger faisait ici référence. Visait-il la génération des Richard Gasquet, Jo-Wilfried Tsonga et autres Gaël Monfils, dont le palmarès en Grand Chelem reste vierge ? Ou bien peut-être Lucas Pouille, qui venait alors d’exploser ? Quoi qu’il en soit, la presse française aurait à ses yeux un impact néfaste sur la progression des jeunes talents tricolores.
Quelques mois plus tard, c’est avec un peu plus d’ironie qu’il s’est d’ailleurs fendu d’une autre pique envers ses homologues français dans les colonnes du Parisien :
Roger Federer : Je n’oublie pas qu’en début d’année, personne ne savait ce dont j’étais capable. Et on a vu ce qui est arrivé ! Tout est possible : même la France a gagné la Coupe Davis ! C’est sympa que ce groupe-là l’ait enfin fait.
Malgré ses très bons rapports avec la plupart des joueurs français, Roger Federer estimait que la presse nationale ne leur rendait pas service en faisant d’eux des stars de façon prématurée. Pas sûr que cette dernière ait retenu la leçon.