Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Resplendissant à Paris, Léon Marchand s’est fendu d’une véritable masterclass lors des Jeux Olympiques. Mais son succès a également poussé le légendaire Alain Bernard à une mise au point fracassante sur la France, se servant du Toulousains comme exemple.
Quatre médailles d’or en individuel, une médaille de bronze en relais. Quiconque réalise une telle moisson en natation lors des Jeux Olympiques fait immédiatement partie du gratin de sa discipline. L’exploit est rarissime et généralement réservé à des légendes comme Michael Phelps ou encore Katie Ledecky… Mais à présent, on peut également joindre Léon Marchand à cette liste.
Déjà présent à Tokyo alors qu’il n’avait que 19 ans, le jeune Français en a désormais 22 et se tient sur le toit du monde après les JO de Paris. C’est simple, personne n’a su stopper le raz-de-marée que fut le Toulousain dans le bassin de l’Arena La Défense, quelle que soit la course. Un véritable récital qui en appelle d’autre dans les années à venir.
Sans surprise, Marchand a été complimenté par bon nombre de ses pairs comme Camille Lacourt, le coach Philippe Lucas ou même Michael Phelps. Commentateur des JO pour Eurosport, Alain Bernard en a fait de même… mais l’ancien champion olympique du 100m nage libre a quand même éprouvé pas mal de regrets quant à la situation de la pépite, comme il l’a confié au JDD début août :
Alain Bernard se lâche sur la formation des nageurs en France
Il vient d’une famille très sportive, et son club formateur, les Dauphins du Toec à Toulouse, est très structuré. Le bémol, et je ne vise pas Léon mais notre système, c’est qu’il doit s’entraîner aux États-Unis.
Car oui, c’est là un détail non négligeable au sujet de Léon Marchand : le bonhomme s’entraîne outre-Atlantique depuis quelques années maintenant, sous les ordres de Bob Bowman qui fut autrefois le coach de Phelps.
De manière générale, les moyens dont dispose la natation tricolore sont pointés du doigt depuis des années, notamment par Florent Manaudou et donc Alain Bernard lui-même. Alors que d’autres pays fournissent une aide financière colossale à leurs nageurs comme les US ou encore la Grande-Bretagne, ce n’est pas vraiment le cas dans l’Hexagone. D’autant plus dommage que la France a cartonné à Paris, pour l’ex-sprinteur :
Ce n’est pas normal qu’aux États-Unis ils arrivent à le faire, et qu’on n’y parvienne pas chez nous, alors qu’on a montré aux yeux du monde entier qu’on était capables de réussir une cérémonie d’ouverture et de proposer des sites de compétition exemplaires. On a des nageurs en devenir qui ont arrêté la natation, faute d’avoir trouvé une structure d’entraînement adaptée ou un équilibre économique dans un sport qui n’est toujours pas professionnel.
La natation est un sport ingrat et brutal qui nécessite une quantité astronomique d’efforts. Alain Bernard regrette donc que la discipline ne soit pas plus soutenue que ça en France, notamment par l’État. Espérons que le triomphe de Léon Marchand aide à changer les choses.