Par Pierre-Andréa Fraile | Journaliste sportif
Après des piges réussies en tant que capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, Yannick Noah a désormais pour mission de mener les Bleus lors des Jeux Paralympiques de Paris. Ses récents propos ont cependant irrité un ex-champion de tennis fauteuil.
Recordman en matière de sacres à la tête de l’équipe de France de Coupe Davis, il sait diriger un tel groupe lors de grands tournois internationaux. Yannick Noah tentera de nouveau de le faire du 30 août au 7 septembre, mais cette fois-ci en tant que capitaine de l’équipe de France de tennis fauteuil, dans le cadre des Jeux Paralympiques de Paris. Une aventure inédite pour lui sur laquelle il s’est exprimé pour La Croix Hebdo :
Yannick Noah : Au contact de ces joueurs, j’ai constaté à quel point c’était une très belle aventure humaine. Au-delà de l’aspect technique, ce qui m’a toujours attiré, c’est le rapport humain et l’aspect mental qui se dégagent d’un sport. Je ne le cache pas, je travaille toujours à l’affect. J’arrive beaucoup plus facilement à partager et à communiquer quand il y a une confiance réciproque et, là, ça a été très vite le cas.
Il y a tout un tas de points communs avec le tennis. J’ai pu proposer des choses techniques et prodiguer des conseils. L’équipe a une marge de progression et ma vision, c’est que pour progresser, il faut être optimiste. Je leur apporte sans doute ça.
Visiblement ravi de découvrir cet environnement dans lequel il semble se plaire, Noah n’oublie pas néanmoins de nourrir quelques ambitions sportives :
Yannick Noah : En simple, on le sait, ce sera très compliqué. En double, on a une possibilité de médaille, sans être pour autant favoris. Si on en accroche une, ce sera une belle récompense.
Des objectifs qui restent donc mesurés et sur lesquels l’ex-vainqueur de Roland-Garros préfère ne pas trop s’épancher, ce qui ne plaît pas forcément à tout le monde.
Yannick Noah repris de volée par Michaël Jeremiasz
Véritable légende française du tennis fauteuil, Michaël Jeremiasz possède pas moins de 4 médailles paralympiques à son palmarès. Interrogé par Le Parisien à l’approche des Jeux, il a dès lors tenu à fustiger le discours tenu par Noah sur ses athlètes :
Michaël Jeremiasz : Je leur souhaite de faire le mieux possible. Mais j’aurais aimé entendre Noah dire, « On va aller chercher la victoire et les médailles », comme à l’époque de la Coupe Davis.
Là, c’est « l’aventure humaine » qui prend le pas sur la performance. J’en reviens à mon combat : j’aimerais qu’on soit aussi ambitieux avec les paras qu’avec les olympiques. Je n’ai jamais vu en France quelqu’un critiquer les contre-performances d’un athlète para. C’est toujours, « Il est courageux, il a tout donné. » Allez-y, s’il vous plaît, défoncez un athlète ou une équipe paralympique s’ils passent à côté des Jeux !
Pour Michaël Jeremiasz, Yannick Noah ferait mieux de s’attarder sur ses attentes en matière de performances plutôt que sur les rapports humains qu’il a su créer avec l’équipe de France de tennis fauteuil. Ambiance avant le début des Jeux Paralympiques.