Par Guillaume K. | Journaliste sportif
Pour de nombreux fans, le dunk légendaire de Vince Carter sur sa tête constitue le pire souvenir de la carrière de Frédéric Weis, ancien pivot de l’équipe de France. Mais dans un magnifique reportage d’ESPN à son sujet, on apprend qu’il a connu des blessures bien plus graves dans sa vie. De quoi largement relativiser.
Le monde du basket peut parfois se montrer ingrat avec certains joueurs. Une seule action malencontreuse peut résumer la carrière pourtant longue et belle d’un talent… Par exemple, en NBA, les fans se souviendront surtout de Brandon Knight pour l’énorme poster qui lui a été infligé par DeAndre Jordan lors de la grande époque des Clippers.
Frédéric Weis fait partie de ces professionnels qui n’auront jamais la reconnaissance qu’ils méritent car ils étaient du mauvais côté d’un poster… Pour rappel, lors du dernier match de la phase de poules des Jeux Olympiques 2000, il s’était fait sauter dessus par Vince Carter, qui avait mis la tête dans les nuages pour poser le dunk le plus violent de l’histoire.
La vraie blessure de Fred Weis dévoilée
Pour de nombreux passionnés, c’était un moment d’histoire de ce sport qui s’écrivait sur l’action. Pour le pivot de l’équipe de France, c’était le point de départ d’une période particulièrement sombre. À l’approche des Jeux de Paris, ESPN a décidé de lui consacrer un petit sujet, dans lequel il explique le vrai traumatisme de sa vie. Clairement, le poster de Carter n’est rien par rapport à ce qu’il a vécu par la suite.
Quand Vince Carter a sauté j’ai fermé les yeux. Au début je me suis dit : « Cool, il ne s’est rien passé. » Puis quand j’ai vu le ralenti sur l’écran géant, j’ai compris que c’était une grosse action. Mais j’ai quand même joué 10 ans après ça, rien n’a changé dans ma vie sportive. Par contre en 2004, j’ai reçu un appel du professeur de mon fils, me disant d’aller voir un médecin car il avait des réactions singulières avec les gens. Le docteur m’a dit que mon fils était autiste, qu’il ne serait jamais autonome.
Il m’a dit qu’il ne pourrait jamais se marier, avoir des enfants, que rien ne changerait jamais. Pour moi, ma vie était ruinée. Le médecin m’a dit que toute la vie que mon fils allait endurer était à cause de mes gènes… J’étais détruit, vraiment. Quand j’ai vu tous mes amis apprendre à leurs enfants à jouer au basket, c’était facile pour eux, mon fils n’arrivait pas à attraper la balle. J’étais un père brisé.
Après mon divorce, je conduisais pour aller voir mon fils, et mon ex-femme m’a dit qu’elle refusait de me le laisser parce que je n’allais pas bien et que c’était dangereux pour Enzo. J’avais 24 somnifères dans la voiture. J’ai pris les pilules et j’ai essayé de mettre fin à mes jours. C’était un tournant pour devenir une meilleure personne. J’ai commencé à travailler sur moi-même.
Oui, la carrière de Frédéric Weis n’a pas été celle que les fans espéraient, mais comment ne pas relativiser face à un tel témoignage. Les joueurs sont des humains, et ils traversent parfois des épreuves bien plus difficiles qu’un poster. Rebondir après ça montre sa force de caractère et mérite le respect.