Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Monstre sacré du cinéma français, Louis de Funès était une personnalité complexe et secrète, qui n’avait d’ailleurs pas que des amis dans le milieu du cinéma. Mais qu’en pensait vraiment Michel Galabru, son acolyte qui a partagé l’affiche avec lui dans 10 films ? En 1983 comme en 2015, l’acteur s’était exprimé sur le sujet. Avec honnêteté et constance dans ses propos.
Outre ses 300 millions d’entrées au cinéma, c’est l’impact de Louis de Funès sur plusieurs générations qui en fait une icône du septième art français. 60 ans après « Fantomas », « Le corniaud » et consorts, petits et grands continuent de se réunir devant leur télévision à chaque rediffusion. Comme si le temps n’avait pas de prise sur l’inégalable talent de « Fufu », besogneux et perfectionniste devant l’éternel.
Parmi la litanie de succès qu’il a tournés, De Funès reste volontiers associé à la fameuse série des « Gendarmes », dont le premier opus, intitulé « Le gendarme de St-Tropez », a constitué son premier carton au cinéma. Et s’il ne portait pas dans son coeur Patrice Laffont et la bande de jeunes comédiens qui l’entouraient (et c’est peu dire !), tout s’est en revanche très bien passé avec Michel Galabru.
Michel Galabru très ému après le décès de Louis de Funès
Cette collaboration a donné lieu à 20 ans d’amitié, tant et si bien que l’interprète de l’adjudant Gerber a été l’un des premiers à réagir lors de la disparition de Louis de Funès en début d’année 1983. Touché, il rendait alors un bel hommage :
Tout le faisait rire, il voyait tout de suite le côté comique des choses, et quand on tournait, il les transmettait. On parlait de n’importe quel sujet et brusquement, une idée lui arrivée. Un jour, je lui ai dit qu’en arrivant à Paris, j’avais eu des punaises dans mon hôtel, et il avait imité une punaise en train de me piquer. C’était un chef-d’oeuvre.
Sur les plateaux, il était très timide, on ne pouvait pas l’approcher comme ça. C’est ce qui a fait peut-être penser à certains qu’il n’était pas commode. Mais c’était un homme qui était très très timide : s’il ne vous connaissait pas, il prenait peur. Mais dès que vous deveniez son ami, c’était un enchantement car chaque minute cet homme voyait quelque chose de drôle que vous n’aviez pas perçu.
Des propos qui corroborent parfaitement ceux tenus par Galabru 32 ans plus tard, lors d’un passage sur le plateau de « C A Vous ». L’acteur n’a notamment pas oublié l’attention spéciale de Louis de Funès à son égard pour « Le gendarme de St-Tropez » :
De Funès, c’était un type charmant. Il fallait se pincer pour savoir que c’était la vedette. Du moment où on était comédiens, on était copains avec lui, très simplement. […] Il a fait des gestes formidables pour moi. C’était la vedette, c’était lui qui attirait le monde. Les autres, on était les ringards comme ils disaient. C’est lui qui a demandé à ce que mon nom soit au-dessus du titre avec lui, c’est très rare.
Des propos touchants, qui sont loin de l’image parfois difficile et acariâtre associée au plus célèbre des comiques français.
Louis de Funès n’accordait pas facilement son amitié, mais lorsqu’il le faisait, c’était pour la vie. Michel Galabru en sait quelque chose, lui qui est resté reconnaissant envers son acolyte jusqu’à son propre décès, survenu en 2022. Une chose est sûre : les Français ne peuvent que remercier chaudement l’un comme l’autre pour les heures de rigolade et de bonne humeur.