Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Reconnu unanimement comme l’un des guitaristes français les plus doués de l’histoire, Louis Bertignac s’est taillé un statut de légende du rock. Et s’il continue de déchaîner les foules en solo, c’est bien de sa période avec le groupe Téléphone que le grand public se souvient le plus. Une époque révolue, entre excès en tous genres et anecdotes savoureuses. À l’image de celles révélées par Bertignac au micro de Laurent Karila.
Demandez à n’importe qui dans la rue de citer le meilleur groupe de rock français de l’histoire, et il y a de fortes chances que la réponse tienne en un mot : Téléphone. Actifs entre 1976 et 1986, le quatuor a marqué toute une génération par ses chansons, dont « La bombe humaine », « Cendrillon » ou encore « Un autre monde » restent de véritables emblèmes.
Et s’il ne convient de rien enlever ni à l’excellente Corine Marienneau, ni au cogneur de génie qu’était Richard Kolinka à la batterie, c’est principalement autour du duo formé par Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac que la magie a opéré. Aujourd’hui, d’ailleurs, quelques années après le retour des Insus, les deux hommes continuent d’être en bons termes. Comme depuis un demi-siècle.
Louis Bertignac honnête sur Jean-Louis Aubert et sur la drogue
Invité du podcast Addiktion pour évoquer son rapport à diverses substances, le musicien s’est aussi souvenu de tendres souvenirs de jeunesse, et notamment d’une anecdote qui ravira les fans :
Il y a eu pas mal d’histoire avec Jean-Louis et la 4L que j’avais (rires). On traînait beaucoup ensemble, et presque tous les soirs, vu qu’on adorait jouer et que les voisins n’aimaient pas qu’on joue, on se barrait avec la 4L, on allait dans le Bois de Boulogne, on se trouvait un coin tranquille, et on se mettait à jouer. C’était une fourgonnette, on jouait à l’arrière, et personne ne venait nous emmerder.
Bien évidemment, l’histoire de Téléphone a aussi été marquée par la drogue. Tous les membres du groupe y ont touché de près ou de loin, Bertignac étant de loin le plus bavard à ce sujet. S’il confie avoir tout essayé, mais toujours avec prudence pour éviter de mourir comme certains de ses amis, il s’était fixé une ligne de conduite : dès lors qu’il s’agissait de travail, la drogue dure était bannie. Il raconte :
Quand j’étais avec Téléphone, l’époque où j’étais vraiment dans l’héroïne, je n’allais jamais répéter défoncé. Et quand je partais en tournée, c’était justement la décroche. Je ne consommais jamais pendant les tournées, même en after. Pas du tout. Je re-consommais quand la tournée se terminait et que je rentrais à Paris, sinon jamais.
Pendant Téléphone, chaque départ en tournée était une occasion de décrocher. Pendant les deux ou trois premiers concerts, je suais beaucoup, et j’étais un peu fébrile. Mais après, ça partait, et j’avais décroché. Je gardais quand même le tabac et le cannabis. Le cannabis, ça ne me dérangeait pas de jouer sous ça. De toute façon ça m’a jamais fait grand chose, c’était une habitude, comme le tabac.
S’il assure aujourd’hui n’avoir plus qu’une addiction, la cigarette, Louis Bertignac est passé par toutes les expériences possibles et imaginables. Mais au-delà de la mystique qui entoure les groupes de rock, c’est surtout sur la connexion entre Jean-Louis Aubert et lui qu’il faut insister, de ces soirées dans la 4L il y a 50 ans à aujourd’hui. Un duo définitivement spécial dans l’histoire de la musique française.