Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Dennis Rodman était certes un fabuleux joueur de basket-ball, mais il n’était pas non plus facile à gérer. Steve Kerr se rappelle notamment d’une virée assez mémorable en compagnie du Hall of Famer à Atlantic City… et de l’accueil que leur avait réservé l’entraîneur des Bulls Phil Jackson le lendemain matin.
Il y a des records NBA qui semblent impossibles à briser. LeBron James a certes réalisé un exploit en devenant le nouveau meilleur scoreur all-time, mais certaines barrières semblent encore plus infranchissables que l’ancien record de Kareem Abdul-Jabbar. Quelqu’un pourra-t-il égaler les dix titres de meilleur scoreur sur une saison de Michael Jordan, ou encore les 15.806 passes décisives en carrière de John Stockton ?
Cela étant dit, le record le plus dingue de tous ne concerne pas les joueurs mais bien les entraîneurs. Onze titres de champion, voilà le palmarès de Phil Jackson en tant que coach NBA. Même Gregg Popovich et ses cinq bagues fait pâle figure à côté. Red Auerbach, pourtant à la tête des immenses Celtics de Bill Russell, n’en comptabilise que neuf de son côté… c’est dire l’exploit colossal réalisé par le « Zen Master » sur le banc.
La gestion peu orthodoxe de Rodman par Phil Jackson
Que ce soit aux Bulls ou aux Lakers, avec Michael Jordan et Scottie Pippen ou Kobe Bryant et Shaquille O’Neal, l’ancien tacticien avait toujours su trouver la bonne formule car n’ayant pas son pareil pour s’occuper des superstars. Sa gestion du sulfureux Dennis Rodman reste encore à ce jour un véritable cas d’école. Membre des Bulls à la fin des années 90, Steve Kerr en parlait dans un passage sur le Rich Eisen Show :
Voilà mon anecdote préférée à propos de Phil Jackson. Dennis Rodman était un peu en train de s’isoler de l’équipe sur le plan émotionnel, pendant une saison. C’était quelqu’un de très silencieux en coulisses, vous savez, et il avait parfois tendance à s’isoler du groupe. Du coup, Phil essayait de le faire revenir dans le groupe et après un match, il est venu nous voir avec Jud Buechler.
Il nous a dit : « Écoutez, Dennis est en train de s’isoler de l’équipe. Je veux que vous deux alliez avec lui à Atlantic City ce soir, je veux que vous passiez un peu de temps avec lui. » Du coup on a passé une nuit folle avec Dennis à Atlantic City, on est resté debout toute la nuit et on est revenu à l’hôtel vers sept heures du matin environ.
On devait s’entraîner ce matin-là, Phil était là, il nous a regardé et Jud et moi ne savions pas comment nous comporter face à lui. Il nous a juste dit : « Enfilez votre tenue, l’entraînement commence dans deux heures. » Dennis a eu sa journée de libre, donc il s’est juste tourné vers nous et nous a dit : « On se voit plus tard, enfoirés. »
Phil Jackson est devenu légendaire grâce à son palmarès bien sûr, mais aussi par sa capacité à gérer les superstars. Y compris celles au caractère turbulent comme Dennis Rodman… Force est de constater que sa méthode peu orthodoxe marchait à merveille.