Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Michael Jordan n’a jamais gardé sa langue dans sa poche, en particulier quand il mettait un pied sur un terrain de basket-ball. Il avait d’ailleurs lâché une violente mise au point au septuple champion Robert Horry en plein match, comme ce dernier l’a raconté.
Difficile de trouver pire tâche à accomplir que d’affronter Michael Jordan dans les années 90. À cette époque, l’arrière des Bulls était tout simplement injouable des deux côtés du terrain, enchaînant les performances dantesques comme les récompenses à la fois individuelles et collectives. Bonjour le cauchemar en somme…
D’autant plus que His Airness vous martyrisait non seulement dans le jeu ou par son trash-talking absolument légendaire. Quand il jouait chez lui à Chicago notamment, toutes les conditions étient réunies pour lui… y compris le petit coup de pouce de la part du corps arbitral. Légende des parquets avec les Sonics, l’ancien intérieur allemand Detlef Schrempf avait résumé la chose ainsi en 2021, pour NBA Europe :
Michael Jordan, la valeur étalon des arbitres dans les années 90
On a toujours eu l’impression d’être désavantagé. S’il y avait une décision arbitrale, tu savais toujours qu’elle serait en faveur de Michael Jordan. Alors je me suis dit : « Hé, on sait qu’on n’aura pas ces coups de sifflet en notre faveur, surtout à Chicago, alors il faut bien jouer pour gagner. » Et c’est comme ça partout, vous savez.
Et oui, le traitement de faveur envers les superstars remonte bien loin que l’époque de LeBron James et autres Stephen Curry. MJ en a évidemment bénéficié durant sa carrière de basketteur, même si tout ne lui était pas permis. Robert Horry avait d’ailleurs une anecdote sur le sujet, le septuple champion NBA se livrant auprès de The Athletic :
Je me souviens que Mike avait fait un move en attaque et qu’ils avaient sifflé un marcher contre lui. De l’autre côté du terrain j’ai fait le même mouvement, et ils ont dit qu’il s’agissait aussi d’un marcher. Il m’a regardé et m’a dit : « Jeune homme, s’ils sifflent un marcher contre moi, tu peux être sûr qu’ils siffleront marcher contre toi ».
Et je l’ai regardé. C’était pendant le match, alors vous ne voulez pas sourire ou rire de choses comme ça, alors j’ai juste secoué la tête et j’ai dit : « Tu as raison ». C’était juste un compétiteur. Mais c’était un très bon gars, un très bon gars.
Comment voulez-vous répondre à un constat aussi implacable ? Difficile en effet de contredire Sa Majesté…
Les superstars NBA ont toujours droit à une certaine marge de manoeuvre de la part des arbitres. Mais si ces derniers allaient jusqu’à siffler contre Michael Jordan, alors il était clair qu’aucun autre joueur de la ligue n’était à l’abri du même traitement.